La Semaine du Shôjo 2020 – Quel shôjo conseillerais-tu à un débutant ?

Nous sommes en Avril, et comme chaque année, c’est le moment de la Semaine du Shôjo, à laquelle je participe avec plaisir et comme à mon habitude.
Le thème de ce cru 2020 : Quel shôjo conseillerais-tu à un débutant ?
Mais est-il réellement possible de répondre à cette question ?

Cela fait depuis 2003 que j’écris sur mes lectures, que ce soit sur les forums, les réseaux sociaux, ou ce blog. Pourtant, je considère que cette activité est très différente de l’action de conseiller une œuvre. En effet, tous mes avis tournent autour d’une thématique commune : moi.
Cela peut paraitre égocentrique, mais c’est une réalité. Je ne crois absolument pas aux avis objectifs, et les personnes qui s’en réclament me paraissent soit naïves, soit suffisamment imbues d’elles-mêmes pour croire que leurs opinions sont universelles. Ce qui n’est évidemment pas le cas. Lorsque j’écris, je ne prends pas la peine d’écrire des « à mon humble avis » et autres formules similaires, tout simplement car je considère que cela va de soi.
Un avis est par essence personnel, et se base sur un ressenti, une expérience, des préférences, une histoire propres à chaque individu. Autant que possible, j’essaye d’exprimer dans mes textes quelles sont les raisons pour lesquelles un titre m’a plu ou déplu, de le remettre dans un contexte précis, à charge ensuite pour le lecteur ou la lectrice de faire des parallèles avec sa propre expérience, pour déterminer si cela lui parle ou non.

A contrario, le plus important dans du conseil, c’est l’interlocteur·ice. Mon avis ne compte pas. En théorie, je dois pouvoir recommander un titre que je n’apprécie pas, si je considère qu’il pourrait convenir à la personne avec qui je discute.
Le conseil réclame de s’adapter à la personne en face de soi, de comprendre ses goûts et ses attentes. Si elle déteste les comédies romantiques et que rien ne pourrait la faire changer d’opinion, rien ne sert de lui conseiller ma comédie romantique favorite. Idem si elle me demande spécifiquement un shôjo cassant l’image couramment associée à cette catégorie de manga.
Par conséquent, l’idée de conseiller un shôjo à un débutant, sans plus de précision, me pose un véritable problème. Car comme nous réagirons tous·tes différemment à la lecture d’un manga, je ne pense pas qu’il en existe un qui plaira à tout le monde sans distinction de genre, d’âge, de vécu, de goûts personnels, et ainsi de suite. Je pourrais évoquer des titres que j’ai recommandés à des personnes spécifiques, sauf que je les avais sélectionnés pour des raisons précises.

Par conséquent, j’ai décidé d’ajouter mes propres contraintes, tout en cherchant à répondre au mieux à la thématique.
Pour commencer, il faut que ce soit un titre disponible en Français. Et par disponible, j’entends qu’il soit possible de se procurer tous les tomes en état neuf, sans avoir à débourser des fortunes car un ou deux tomes manquent à l’appel.
Ensuite, mieux vaut commencer par un titre court. Certes, il s’agit d’un critère relatif, mais si une série fait plus de 40 tomes et que sa publication se poursuit encore au Japon, cela me parait un peu difficile pour commencer.

Sur la base de ces critères, mon choix se porte sur Orange de Ichigo Takano.

Je triche un peu, car si la publication de ce manga a commencé dans le Bessatsu Margaret, donc un mangashi shôjo, elle s’est achevée dans le Manga Action. En tout cas, ce titre répond aux contraintes que je m’étais fixées. Avec Akata, pas de souci de disponibilité, du moins en temps normal. Ensuite, la série principale fait cinq tomes, et un de plus pour celles et ceux qui souhaiteraient prolonger l’expérience.
En outre, Orange constitue un succès en librairie, signe que la série a su toucher le public, et je la trouve suffisamment consensuelle pour ratisser large et plaire à des lectorats différents. Compte-tenu de la thématique cette année, cela me parait parfaitement approprié, même si j’avoue que cela ne sonne pas nécessairement comme un compliment.

Naho reçoit une lettre venue du futur, lui demandant de changer le cours des événements afin de ne pas avoir de regrets plus tard. Cela concerne en particulier Kakeru, le nouvel élève de sa classe.
D’abord dubitative, un événement tragique l’oblige à prendre conscience que la lettre avait vu juste. Elle décide dès lors de suivre ses conseils afin de modifier le futur.

Orange appartient à la première vague de titres d’Akata devenu éditeur. Celui-ci en particulier ne m’interpelait pas spécialement. Mais intrigué par des retours positifs, j’ai décidé de lutter contre mes aprioris et de lui donner sa chance. Je ne l’ai absolument pas regretté. Orange mérite son succès, d’autant plus qu’il sait toucher un public large. Son secret : là où il ressemble à une comédie romantique lycéenne, avec certes une composante fantastique, il s’agit avant tout d’une histoire d’amitié. Ce n’est pas si fréquent que cela dans les shôjo ; ou du moins, si les personnages savent nouer des amitiés fortes, les histoires d’amour restent le plus souvent le sujet principal des séries évoluant dans un environnement scolaire. Pourtant, Ichigo Takano prend le parti-pris inverse : Orange ne se montre pas avare en romance, mais elle s’attarde avant tout sur les liens indéfectibles unissant Naho et ses amis.

Orange appartient à une catégorie bien particulière de manga : ceux qui m’ont ému aux larmes. Il n’en existe pas tant que cela. Des larmes de tristesse, mais aussi des larmes de bonheur.
Sa façon de traiter les émotions, de passer de moments drôles à des instants plus tragiques, s’avère particulièrement réussie. La mangaka sait se montrer touchante, mais aussi insuffler une véritable poésie dans sa série. Elle semble posséder des moments purement contemplatifs, des touches de grâce dans une histoire dont nous savons dès le départ qu’elle pourrait s’achever de manière dramatique.
Ses personnages ne sont pas forcément les plus mémorables que j’ai pu rencontrés au fil de mes lectures, mais ils possèdent tous un côté assez uniques pour que nous nous souvenions d’eux, tout en demeurant infiniment plus réalistes qu’un Takeo (Mon Histoire) ou une Ran (Gals !).

Court, fédérateur, disponible, drôle, et touchant, autant de qualité qui font que je considère Orange comme une excellente porte d’entrée dans l’univers merveilleux des shôjo.

Les participants à la Semaine du Shôjo :

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9 commentaires pour La Semaine du Shôjo 2020 – Quel shôjo conseillerais-tu à un débutant ?

  1. Luthien dit :

    Comme toi, j’ai tenté Orange au vu des critiques très élogieuses et je n’ai pas du tout regretté ! Je l’ai souvent cité dans plusieurs tops. 🙂

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