Le Top 10 totalement arbitraire des meilleurs éditeurs français de manga (seconde édition)

Pour célébrer le dixième anniversaire du blog, je vous propose la seconde édition de mon grand classement des meilleurs éditeurs français de manga (et non des meilleurs éditeurs de manga français étant entendu que les manga français n’existent pas).

Comme pour l’édition précédente, je commencerai par dire quelques mots sur les éditeurs que je n’ai pas retenus dans le classement final.

Delcourt Tonkam : Ne nous voilons pas la face : il y a dix ans, cet éditeur – ou plutôt ces éditeurs, puisque l’un a officiellement mangé l’autre – n’aurait rien eu à faire ici, hors du classement. Malheureusement, je dois bien constater qu’entre un catalogue n’arrivant plus à proposer des nouveautés attrayantes, un traitement indigne de nombreux titres faute d’une rentabilité suffisante – résultant en des délais à faire rougir de honte Panini Manga – et des arrêts de commercialisation en pagaille, Delcourt Tonkam n’est plus que l’ombre de ses deux glorieux passés. Si ce n’était pour JoJo’s Bizarre Adventure, ils ne mériteraient plus que les lecteurs s’intéressent à eux. J’espère pouvoir terminer mes séries en cours – souffrant pour la plupart d’un rythme de publication revu très fortement à la baisse – mais à moins d’un miracle, je ne me vois rien commencer chez Delcourt Tonkam dans les mois à venir (hormis une éventuelle réédition de Phénix l’Oiseau de Feu). Honteux, c’est le mot.

Glénat : Dans la catégorie « ancienne gloire ». Financièrement, ils n’ont vraiment pas l’air à plaindre, après tout ils publient One Piece. Seulement je constate ne plus suivre qu’une seule série chez eux, et pas une des plus chargées en termes de tomes. Depuis quelques années, l’intérêt que j’éprouve pour leur catalogue a fortement diminué, et tous les secteurs pour lesquels je les appréciais par le passé semblent avoir été progressivement abandonnés. Un rapport avec le départ de Stéphane Ferrand, leur précédent directeur éditorial ? En tout cas, aucune de leurs nouveautés ne m’inspire, et l’éditeur lui-même ne me pousse pas spécialement à être curieux. Et dire qu’il fût jadis le plus représenté sur mes étagères.

IMHO : Un éditeur dont j’apprécie grandement la politique éditoriale, laquelle apporte un vent de folie et d’incongruité sur le marché français. Le Lézard Noir semble le seul à pouvoir rivaliser sur ce secteur, mais évolue progressivement vers le côté lumineux de la Force. Ne reste donc qu’IMHO pour nous offrir du Shintaro Kago et autres joyeusetés. Sauf que cela fait bien longtemps que l’éditeur n’a plus sorti de nouveautés, et c’est bien dommage. Son site internet a récemment été mis-à-jour, avec la promesse d’une sortie prochaine pour Les Nuits Picabiennes de Xie. Un manga que je prendrai rien que pour le gag tellement il se fait attendre. J’espère que nous aurons droit au grand retour d’IMHO, car il me manque terriblement.

Komikku : Depuis la création de Komikku, un seul titre m’a réellement donné envie de le lire. Et je l’ai trouvé moyen, ce qui n’est certes pas la faute de son éditeur. J’ignore quels sont les chiffres de vente de Komikku, je constate juste que strictement rien dans son catalogue ne m’attire. Impossible donc de le juger par rapport à ses concurrents.

IDP Boys Love / Meian : D’un côté IDP Boys Love, dont je n’ai jamais été client. De l’autre Meian, qui parait n’exister que pour publier Kingdom (et reprendre le catalogue de feu Booken). Proposer Kingdom, voilà un défi complètement fou, et si je ne connais pas les réalités économiques derrière ce projet, l’enthousiasme sur les réseaux sociaux semble témoigner du succès de l’entreprise. Je ne peux vraiment juger que pour Kingdom, puisqu’il s’agit de la seule série que je suis chez eux à ce jour, mais en raison de son mode de distribution, cela n’en fait pas un titre facile à se procurer pour une personne comme moi, vivant à l’étranger. Ce qui rend la situation frustrante. Pour l’instant, j’apprécie la série, mais pourrais vivre sans ; je la continue donc tant que je peux acquérir les nouveaux tomes, et dans le cas contraire, je l’arrêterai.

Isan Manga : Je suis rarement client. Non pas que leurs titres ne m’intéressent pas, bien au contraire, mais pas aux tarifs qu’ils affichent. Je me fais violence pour Go Nagai, mais cela n’ira pas plus loin.

Ototo / Taifu : Je me faisais une réflexion récemment. Depuis peu, j’ai commencé à suivre de près l’actualité des éditeurs américains, ce qui m’a permis de constater quelques différences avec le marché français ; comme l’importance des adaptations de light novels ou des séries se déroulant dans un monde parallèle, des phénomènes qui ne semblent pas avoir d’équivalent dans l’Hexagone. Ototo s’est progressivement fait une spécialité de cette production spécifique, avec apparemment une certaine réussite. Tant mieux pour eux, mais je ne suis pas client des versions manga de Fate ou de Sword Art Online. Quant à Taifu, je ne suis pas spécialement amateur de leurs publications. Concernant les derniers titres que j’ai lus chez eux, j’estime qu’ils font un bon travail, mais je peux difficilement les juger dans la mesure où je n’ai rien acheté ces dernières années.

Panini Manga : Deux séries « en pause », une autre sortant à un rythme annuel – un éditeur américain a réussi à publier le titre en question dans son intégralité en moins de deux ans – et strictement rien d’autre. En même temps, j’ai déjà donné sa chance à cette société ne faisant preuve d’aucun respect envers ses clients, et j’ai vu ce que cela donnait. Panini Manga ne mérite pas que nous nous penchions sur ses publications, étant entendu que nous n’en verrons jamais la fin. Son catalogue pourrait pourtant m’intéresser. Mais pas chez eux. Et compte-tenu du nombre désormais extrêmement réduit de nouveautés chaque mois (même en comptant les énièmes rééditions de leurs anciens succès), je ne crois pas que Panini va continuer très longtemps à proposer du manga en France, terminant ainsi une carrière chaotique par un énorme doigt d’honneur au visage de tous les fous et les courageux qui lisaient encore leurs séries. J’espère me tromper. Mais j’en doute.

Soleil Manga : Depuis une très mauvaise expérience avec cet éditeur – la série était certes moyenne, mais ce fût surtout la pire édition que j’ai jamais vue – je n’ai jamais recommencé un titre Soleil Manga. Il faut dire que leur catalogue ne m’y invite pas, et ce depuis de nombreuses années.

Vega : Le nouveau label de Stéphane Ferrand, dont le départ de Glénat a coïncidé à une progressive perte d’intérêt de ma part concernant leur catalogue. Si j’apprécie Peleilu, cela reste un éditeur trop jeune pour que je puisse réellement le comparer à ses concurrents.

Et maintenant, passons aux choses sérieuses avec l’extraordinaire Top 10 totalement arbitraire des meilleurs éditeurs français de manga (seconde édition) !!!!

10 Doki Doki
Cette dernière place du classement me pose un problème de conscience, car dans le fond, elle aurait pu être occupée par certains des éditeurs évoqués ci-dessus. Dans les faits, je ne suis aucune série Doki Doki à l’heure actuelle, et n’en ai pas commencée depuis bientôt deux ans.
Alors pourquoi l’avoir choisi ? Parce que Doki Doki reste un éditeur solide auquel je n’ai pas de reproches à faire, hormis un catalogue qui sait certes proposer des perles de temps à autre – malgré son statut de spécialiste de la série B – mais peut aussi rester de long mois sans rien annoncer de spécialement accrocheur pour moi.
En termes d’édition, il se situe clairement dans le haut du panier, je n’ai absolument pas été déçu par mes dernières tentatives chez eux. Au contraire, j’ai même été très agréablement surpris par la qualité de leur travail. D’autant que celui-ci servait d’excellentes séries, lesquelles figurèrent parmi mes favorites de l’année 2016.
Il s’agit là d’atouts dont ne peuvent se prévaloir les éditeurs exclus du classement, et qui justifient la présence de Doki Doki dans la sélection finale. Reste à espérer qu’il saura me proposer dans les prochains mois des titres aussi attirants que ceux que j’ai pu apprécier chez eux ces dernières années.

9 Black Box
Black Box est devenu, presque malgré lui, un éditeur incontournable. Malgré lui, car si leur distribution s’est légèrement améliorée – comprenez qu’il est possible de commander leurs titres sur d’autres plateformes que leur propre site internet – il reste difficile de se procurer leurs nouveautés depuis l’étranger, à moins de s’acquitter de frais de port notables. Là où j’arrive à acquérir les séries leurs concurrents sans trop de difficulté, y compris Kingdom (du moins jusqu’à présent). Pour vous donner un exemple concret, je voulais tester Cosmo Police Justy, sans en avoir la possibilité.
Pour être tout-à-fait honnête, je pourrais m’arranger en faisant livrer les livres en France, puis en les récupérant lors de mes (trop rares) vacances. Une option tout sauf pratique compte-tenu de ma situation actuelle, et que je réserve aux séries qui m’intéressent tout particulièrement ; je ne souhaite pas l’étendre à celles que je voudrais découvrir par simple curiosité. Nous pouvons donc affirmer que le mode de distribution de Black Box lui coute des ventes. Pour ces mêmes raisons, je ne participe pas à leurs campagnes de financement participatif.
Si l’éditeur figure malgré tout dans ce classement, c’est car son catalogue regorge de titres mémorables, comme ceux de Masako Yoshi et Go Nagai, ou encore Le Monde de Ran. Des choix parfois atypiques lui offrant une place à part sur le marché français, et me poussant à rester client malgré tout. Parmi les dernières pistes évoquées par l’éditeur lyphardais : Mister Ajikko, Gu Gu Ganmo, The Kabocha Wine, et du Yukinobu Hoshino. Cela me donne très envie ! A condition que les campagnes de financement réussissent et que je puisse me les procurer.

8 Kurokawa
Mon impression sur Kurokawa rejoint celle que j’avais déjà partagée il y a quelques années. Si l’éditeur perd quelques places, passant de la cinquième à la huitième, c’est notamment en raison de la progression de certains concurrents, là où Kurokawa reste immuable, dans les qualités que je lui reconnais mais aussi dans les défauts que je lui trouve.
Kurokawa compte parmi les maisons d’édition respectant leur lectorat. Pour ce que je peux lire chez eux – j’ai vu passer des commentaires n’allant pas dans ce sens, mais pour des séries que je ne suis pas – leur travail est soigné, les traductions et relectures plus que corrects, le rythme de publication soutenu, le tout avec un papier et une impression de qualité. Concernant la technique, Kurokawa se situe donc aisément parmi les meilleurs.
Malheureusement cela fait deux ans que je n’ai pas commencé de nouveautés chez eux. Or, vous l’aurez compris, dans la mesure où je ne remets pas en cause le soin apporté à leurs titres, le problème vient bien de leur catalogue.
Hormis Hiromu Arakawa, dont je reste un fidèle lecteur et dont ils ont réussi à conserver l’exclusivité jusqu’à présent, nous ne pouvons pas dire que les séries que je suive ou ai suivies chez cet éditeur comptent parmi leurs plus grandes réussites commerciales. Cela s’est ressenti dans l’évolution de leur catalogue, dans leurs choix éditoriaux, et hélas! le résultat ne me parle pas autant qu’il a pu me parler à une époque (même si le phénomène était déjà bien entamé lors de la précédente édition de ce classement).
C’est tout le paradoxe concernant Kurokawa. Comme je leur fais confiance, je pourrais me permettre de prendre une nouveauté chez eux par curiosité, mais aucune annonce n’arrive à éveiller cette curiosité. Si je le place toutefois au-dessus de Doki Doki, dans une situation similaire, c’est car je possède une histoire plus forte avec cet éditeur, et suis encore un certain nombre de séries chez eux.

7 Pika
Pika remonte, lentement mais sûrement. Je suis le premier surpris, mais ne risque pas de m’en plaindre. Alors, quelle est l’origine de ce phénomène ? Il semblerait que l’impulsion insufflée par le passage éclair de Kim Bedenne, il y a de cela quelques années, a laissé des traces. Ou alors, c’est que l’éditeur était déjà sur la voie de la rédemption, je l’ignore.
Dans les faits, je constate que Gundam The Origin et Nodame Cantabile ont été publiés dans leur intégralité – avec les deux tomes bonus pour cette-dernière – et que Chihayafuru se maintient à un rythme trimestriel récemment confirmé par l’éditeur, malgré de faibles ventes. Evidemment, Chihayafuru étant un titre phare de leur partenaire Kodansha, il ne ferait sans doute pas bon pour Pika de se montrer trop dur avec lui. Quant à Attache-moi, la série arrivera bientôt à son terme.
Après, entendons-nous bien. Les progrès de Pika sont notables par rapport à son ancienne politique. Mais il reste largement inférieur à nombre de ses concurrents, dont certains ne possèdent pas une puissance financière comme la sienne. Je ne devrais pas avoir à me réjouir que tous ces titres soient publiés dans leur intégralité, cela devrait aller de soi. Je ne devrais pas non plus me réjouir d’un rythme trimestriel ou semestriel lorsque nous sommes loin d’avoir rattrapé la publication japonaise, sous prétexte qu’il s’agit d’un moindre mal. Mais Pika nous a tellement habitués au pire que, en comparaison, le voir terminer Gundam The Origin apparait comme un exploit surhumain et non comme normal et attendu de la part d’un éditeur professionnel.
En soi, le catalogue de l’éditeur n’a jamais été inintéressant – après tout, ils disposent de leurs entrées chez Kodansha – mais cela fait plusieurs années que je me montre réticent quant à commencer de nouvelles séries chez eux. Ce qui explique pourquoi j’ai préféré prendre l’édition américaine de L’Attaque des Titans, ce qu’aujourd’hui je regrette. Disons que j’hésite plus que pour certains de ses concurrents, notamment concernant les shôjo (et ce malgré la publication d’un Chihayafuru qui ferait presque tâche dans le paysage).
Cette place vient récompenser des efforts réalisés par rapport à la précédente édition – reste à savoir si cela me poussera à tester de nouveaux titres chez Pika – mais aussi l’acquisition de Nobi Nobi, un éditeur dont le catalogue ne m’avait jamais vraiment interpelé du fait de son secteur (le livre pour enfants) très spécifique. Depuis, l’éditeur semble devenu l’équivalent d’un label jeunesse pour Pika, mais aussi une sorte de label bien-être, avec d’excellents titres comme Flying Witch et Au Grand Air. Des choix que j’approuve totalement.

6 Kaze Manga
Le gros gadin. Pour rappel, cet éditeur était premier lors de la précédente édition. S’il s’effondre aujourd’hui, c’est en raison d’une accumulation de déconvenues plus ou moins importantes.
Ce qui lui avait valu d’être un temps ma maison d’édition favorite, c’était des éditions irréprochables, un respect du lectorat, et quelques choix éditoriaux pas forcément compatibles avec ce que nous aurions pu attendre de la part d’un rouleau compresseur racheté par Viz Media, donc par la Shueisha et Shohakukan. J’avoue bien volontiers qu’à l’époque, la publication de Gokusen avait été déterminante dans sa victoire finale. Seule ombre au tableau : il s’avérait déjà difficile de se procurer certains tomes de leurs séries les moins populaires, m’obligeant à abandonner mes espoirs de commencer un jour Initial D et Moonlight Act. De ce point de vue, Kana faisait bien mieux. Mais j’avais considéré cela comme un détail, compte-tenu de la solidité de leur catalogue, quelques propositions risquées, et un travail toujours soigné.
Concernant les prises de risque de Kaze Manga, je trouve qu’elles ont un peu diminué (plus exactement je me retrouve moins dans leurs nouveautés), mais cela ne les empêche pas de persister à publier des séries comme Le Chant des Souliers Rouges et surtout Spiritual Princess, dont l’échec parait violent mais que l’éditeur continue bon gré mal gré à un rythme bimestriel. C’est très positif, mais ne permet pas non plus de passer sous silence ses manquements.
Cela a commencé, lentement, par un soin moindre apporté à la relecture, ce qui s’est traduit par quelques fautes apparaissant ça et là dans les phylactères. Du détail, mais surprenant de la part de l’éditeur. Le véritable problème est survenu il y a quelques mois, lorsque Kaze Manga a décidé de cracher à la figure de son lectorat. Non seulement l’éditeur a abandonné plusieurs séries – dont 7 Shakespeares et la réédition « de luxe » de Black Jack – mais n’a même pas pris la peine de se fendre d’un communiqué officiel, laissant à son distributeur la tâche d’en informer les revendeurs, information qui a ensuite été répercutée par les sites spécialisés. Au-delà de l’arrêt lui-même, c’est la lâcheté du procédé qui pose problème. Seule annonce de la part de l’entreprise : Black Jack Deluxe est désormais disponible en version numérique ; sachant que la série a été traduite il y a des années, et que les qualités attendues d’une édition « de luxe » se ressentent bizarrement beaucoup moins en numérique.
La situation de certaines de ces séries – notamment 7 Shakespeares, dont l’auteur a changé d’éditeur au Japon en emmenant le titre avec lui – aurait pu être justifiée par l’éditeur, lequel a préféré passer en force en espérant que cela ne se verrait pas. Ça s’est vu. Et c’est honteux.

5 Ki-oon
Après toutes ces années, Ki-oon reste un sujet particulier pour moi. Concernant les éditions, je n’ai aucun reproche à leur faire. Non seulement, il s’agit toujours d’ouvrages de qualité, mais ils mettent un point d’honneur à maintenir un rythme régulier sur leurs séries coute que coute. Mon seul reproche sur leur travail concerne la communication autour d’Unlucky Young Men, que j’avais trouvé malhonnête dans la mesure où l’éditeur avait fourni dans son dossier de presse des clés de compréhension absentes du manga lui-même ; ce qui signifie que les journalistes ont chroniqué cette série sur la base d’une édition plus complète que celle disponible dans le commerce, avec tous les éléments en main pour comprendre son histoire tortueuse et référencée à la différence du lectorat de Ki-oon. Un comportement fort décevant de leur part.
Le point faible de l’éditeur demeure toutefois son catalogue. J’admire leur capacité à maintenir leur ligne éditoriale, tant mieux si elle leur réussit – ce qui semble bien être le cas – mais celle-ci me parle peu. Je me laisse volontiers tenter lorsqu’ils proposent une série qui m’intéresse, mais vous l’aurez compris cela arrive rarement. Paradoxalement, je reconnais à Ki-oon des choix parfois osés, des coups de cœur dont nous ne pouvons pas dire qu’ils correspondent à ce qui se vende le mieux sur le marché français. De fait, il s’agit d’un des éditeurs les plus à même – avec Kana et Sakka – de proposer des titres salués au Japon par le prix Manga Taisho, dont je suis particulièrement client. Dans la mesure où ils ont annoncé Beastars, je le prendrai sans faute, pour la réputation de la série mais aussi parce que je sais que Ki-oon saura la traiter de manière respectueuse même si les ventes ne suivent pas. La différence avec Sakka et Kana, toutefois, reste que ma relation avec Ki-oon se limite à cette catégorie très spécifique de manga, là où les catalogues de ces deux concurrents m’inspirent bien plus. Boku no Hero Academia faisant figure d’exception.

4 Akata
Akata s’impose dans le paysage éditorial, et cela me parait amplement mérité compte-tenu du travail fourni. L’éditeur respecte son lectorat, et cherche toujours des façons de terminer ses séries les plus compliquées malgré des moyens moindres par rapport aux poids lourds du secteur. Il fait partie de ces maisons chez qui je me permets régulièrement de tester une nouvelle série, alors que celle-ci ne m’aurait pas forcément attiré chez la concurrence.
Néanmoins, j’avoue aussi me montrer moins curieux qu’à une époque le concernant, malgré les bonnes surprises que l’éditeur a pu m’offrir l’année dernière comme Moving Forward et Jumping. Globalement, j’apprécie leur catalogue, mais il ne me parle pas toujours. Par exemple, je me voyais comme un lecteur cible de leur label WTF, mais aucune des séries que j’ai lues ne m’a réellement convaincu (malgré un excellent démarrage pour certaines d’entre elles). J’affectionne quand ils publient des œuvres politiques et engagées comme Colère Nucléaire, mais j’ai l’impression que cela arrive moins qu’à une époque. Quant aux shôjo, leur spécialité, j’y trouve de nombreuses bonnes choses, mais aussi des titres qui ne me correspondent pas du tout. C’est donc ambivalent, mais si je place l’éditeur aussi haut, c’est car je reconnais la qualité de leur travail – et puis, Miyako Slocombe officie régulièrement à la traduction, ce qui est forcément positif – et car de toute façon, aucun catalogue ne peut plaire à un lecteur dans son intégralité. Je reste donc toujours à l’écoute de leurs annonces.
Mon seul réel reproche sera la communication, que je trouve parfois maladroite.

3 Casterman/Sakka
Un des problèmes de cet exercice, de comparer les éditeurs (je vous laisserai compter le nombre d’occurrence de ce mot dans ce billet) de manga, c’est qu’ils ne sont pas forcément comparables. Explications. Par rapport à Akata, Sakka publie moins de séries régulières, ce qui permet sans doute de consacrer plus de temps à chaque ouvrage, et limite les risques de proposer un titre décevant ; à contrario, une déception chez un éditeur avec un fort volume de publication sera plus aisément noyée dans la masse. Tous n’ont pas les mêmes ambitions, ne jouent pas dans la même cour, donc utiliser des critères communs pour les évaluer ne paraitra pas forcément juste. Mais je tiens vraiment à saluer le travail de Sakka, un éditeur que je n’attendais pas.
Historiquement, Casterman est pour moi l’éditeur de ces séries « pour les personnes ne lisant pas de manga », ce qu’un journaliste de Libération pourrait qualifier de « manga littéraires » (en référence à une nécrologie de Jiro Taniguchi encensant l’auteur au détriment de ses pairs). Il y avait bien son label Sakka, mais qui malgré quelques titres de qualité – comme Keiji ou Skip Beat – ne semblait aller nulle part. Ce n’est que récemment que l’éditeur parait s’être doté d’une véritable ambition concernant des séries plus longues et publiées dans un format poche classique.
Depuis, Sakka est réellement devenu pour moi synonyme d’excellence. Car les éditions elles-mêmes sont exemplaires – traduction, impression, papier, rythme de publication et même disponibilité de leur fonds s’avèrent irréprochables – et car le catalogue m’apparait comme du haut-de-gamme. Depuis Area 51 et Sangsues, Sakka parait vouloir se focaliser sur des œuvres à la fois ambitieuses d’un point de vue artistique et sortant des sentiers battus par rapport au reste du marché français. Ce que je constate, de manière concrète, c’est que toutes leurs nouvelles séries pourraient m’intéresser – je me limite toutefois dans mes choix, ne pouvant pas non plus tout commencer – et que je guette leurs annonces avec attention. Sakka ne publie pas énormément de titres, mais cela se fait au profit de la qualité et d’un catalogue extrêmement solide.

2 Le Lézard Noir
Le Lézard Noir compte parmi les éditeurs ayant le plus évolué ces dernières années. Je me souviens de l’époque où il publiait L’Art du Bain Japonais et où sa réputation le plaçait, au même titre qu’IMHO, comme un spécialiste du manga étrange, obscur, et potentiellement érotique. La différence entre les deux, c’est que Le Lézard Noir continue à publier des séries et à en annoncer de nouvelles, toujours avec le même goût pour la découverte mais sans doute aussi à destination d’un public plus large. Les Chroniques New-Yorkaises ou même Chiisakobe auraient sans doute eu du mal à s’imposer chez l’éditeur poitevin il y a encore quelques années.
S’agit-il d’un reproche ? Disons que je regrette un peu son côté le plus politiquement incorrect. En contrepartie, l’éditeur continue à sortir des clous avec une politique éditoriale n’appartenant qu’à lui, certes à des prix plus importants que ses concurrents. Surtout, si un titre comme La Cantine de Minuit semble dans sa continuité, les annonces successives du Tigre des Neiges et de Stop! Hibari-kun, dans des styles très différents, ont probablement surpris tout le monde. Moi le premier, mais je ne vais pas m’en plaindre, car ces séries m’intéressent pour des raisons très différentes.
Je me dis que c’est de la triche de le placer aussi haut, car j’ai conscience de ses limites et ne vais donc pas avoir les mêmes attentes que pour d’autres sociétés, notamment concernant le rythme de publication. Mais je n’ai jamais été déçu par leur travail et ils possèdent un talent certain pour les titres inattendus. Je vais donc parier sur l’avenir.

1 Kana
Kana donne le mauvais exemple. Comment voulez-vous que les lecteurs ne se montrent pas exigeants lorsqu’ils ont pour référence un éditeur comme Kana ? Un éditeur qui propose des éditions propres (cela n’a pas toujours été le cas), qui maintient un rythme de publication soutenu même pour les titres difficiles – et à défaut cherche des solutions alternatives pour continuer la publication d’une série – et dont la disponibilité des séries en magasin reste irréprochable. Un éditeur dont la responsable explique que publier des manga « coups de cœur » – souvent moins commerciaux, plus difficiles à imposer – fait partie de leur métier.
Pour ne rien gâcher, leur catalogue me parle beaucoup. Ils ont perdu leurs shônen à rallonge dont j’étais particulièrement friand, mais en contrepartie, ils ont bâti leur expertise sur les shôjo manga, des seinen de qualité, et comme indiqué tantôt des séries moins viables sur le marché français, mais apportant souvent un vent de fraicheur et d’originalité. J’ai beaucoup d’affection pour March comes in like a Lion, pour ne citer que lui.
J’ignore si Kana part du principe que travailler son image de marque lui permettra de gagner de nouveaux lecteurs – je me sais bien plus prompt à commencer une série chez eux que chez nombre de leurs concurrents, notamment car je leur fais confiance quant à leur respect de leur lectorat – ou s’il s’agit juste de personnes sérieuses, en tout cas le résultat est là. Et comme en plus, j’apprécie leur politique éditoriale, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.
Première place amplement méritée, pourvu que ça dure !

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3 commentaires pour Le Top 10 totalement arbitraire des meilleurs éditeurs français de manga (seconde édition)

  1. Belhou dit :

    J’aime toujours beaucoup kana , c’est l’éditeur chez lequel j’ai acheté mon premier manga (yu-gi-oh!) et j’aime le fait qu’ils arrêtent très peu souvent la publication de leurs séries (ou du moins sur des séries terminées depuis des lustres comme Basara ou Psychometrer Eiji), j’aime aussi akata et ki-oon pour la qualité de leur papier. Par contre je hais Pika à cause de l’arrêt de 7 seeds et je n’achète rien chez eux à cause de cela, et pour glenat j’aime bien leur fonds de catalogue (es,parasite par exemple) mais j’achète vraiment à reculons depuis leur changement de papier en 2016 (nan mais franchement c’est littéralement le pire papier de livre que j’ai jamais vu, alors qu’avant ils avaient un super papier épais qui résiste à tout) . Par contre j’ai toujours beaucoup aimé le catalogue de Panini, c’est dommage que cet éditeur soit si mauvais au niveaude sa gestion

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  2. Sirius dit :

    Je vais dépenser beaucoup chez Delcourt avec les rééditions de Bouddha et Phénix (annoncée en 5 volumes au dos des 3 Adolf me semble-t-il?) Et je ne regrette pas d’avoir mes vieux Black Jack même avec leurs pages qui partent comme l’édition Deluxe est RIP.

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  3. C’est un article très intéressant, je serai curieuse de revoir un top 10 de ce genre trois ans après !

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