Comme le titre l’indique : du zombie. Mais pas que !
Le Retour des Morts-Vivants (1985)
L’employé d’un entrepôt montre à son jeune collègue les containers de l’armée américaine reçus par erreur il y a de nombreuses années ; ceux-ci contiennent des cadavres victimes d’étranges expériences.
Le Retour des Morts-Vivants fait partie de ces films surfant allégrement sur la vague du phénomène « morts vivants » initié par la saga de George A. Romero ; d’ailleurs, ce long-métrage ne s’en cache même pas et fait plusieurs fois références à La Nuit des Morts Vivants. Sauf que les zombies de ce-dernier font pâle figure comparés à ceux ici créés par l’armée : impossible de les (re)tuer même en leur coupant la tête, ils parlent, ils courent vite, et ils ont faim ; leur plat favori : les cerveaux humains. Bien entendu, non seulement les morts sortent de leur tombe, mais l’affection se répand plus vite qu’un virus de la Grippe A.
Prenez-vous le pour dit : nous sommes en présence d’un film de série B. Au programme, nous trouvons beaucoup de gore, des effets spéciaux très bon marché, et un véritable humour sous-jacent. En plus, nous bénéficions de tout le côté kitsch du milieu des années 80, avec notamment une bande de punk au look totalement hallucinant qui donne un côté encore plus surréaliste à l’ensemble. Et surtout, il s’agit d’un film de série B réussi, avec tout les avantages que peut posséder le genre, sans tomber dans le nanard de bas-étage : Le Retour des Morts-Vivants détient ce style prodigieusement décalé et jouissif des meilleurs représentants du genre, de quoi donner des frissons de plaisir aux amateurs. En tout cas, j’ai apprécié ce film qui se démarque du sérieux des productions de Romero tout en ne sombrant pas dans la ringardise absolue.
Le Lac des Morts-Vivants (1981)
Dans les années 50, un petit village est victime des démons de son passé : les nazis jadis assassinés et jetés dans le lac refont surface sous la forme de zombies meurtriers.
Je retire tout ce que j’ai pu dire en mal sur le cinéma français : il est lui aussi capable de produire des daubes de série Z – à l’instar de ce Lac des Morts-Vivants – ce que je trouve presque rassurant. Ce film est même au-delà de la série Z tant son niveau de catastrophe transforme son réalisateur en digne successeur de Ed Wood, même s’il faut bien avouer que le budget lilliputien de ce long-métrage est sans doute pour beaucoup dans la débâcle finalement hilarante qu’est Le Lac des Morts-Vivants.
Déjà, il faut savoir que résumé d’une autre façon, ce film serait l’histoire de bonasses qui viennent se baigner à poil dans le lac d’un petit village paumé pour mieux s’y faire dévorer. Ca commence mal. Pour le reste, je ne sais pas comment décrire ce monument.
Budget oblige, il n’y a qu’un seul véritable acteur, les autres sont apparemment (d’après ce que j’ai pu lire) soit des proches du producteur du film, soit des habitants du village où le tournage s’est déroulé. Ce qui vous donne une bonne idée, je l’espère, du degré de raffinement du jeu desdits acteurs.
Budget oblige, l’équipe du film n’a pas jugé opportun de restaurer l’ambiance des années 50 : les personnages conduisent donc des voitures qui n’existaient pas à l’époque, et abhorrent des looks qui auraient paru extravagants aux habitants de cette même époque, qui auraient alors douté de leur confort bourgeois vu le nombre de protagonistes masculins avec des cheveux longs. Donc niveau crédibilité, là encore : zéro pointé. Pour ne rien arrangé, les seuls costumes propres au film – ceux des nazis – ne ressemblent que de loin aux véritables uniformes…
Budget oblige, les effets spéciaux sont moisis : le maquillage des zombies ne résiste pas à l’eau – je vous rappelle qu’ils sortent d’un lac, donc vous imaginez le résultat – le sang est de l’eau vaguement colorée, et les scènes sub-aquatiques ont été tournées dans une piscine dont nous apercevons distinctement les bords.
A ce niveau, je ne crois pas qu’il soit utile d’en rajouter, même si je serais tenté de vous conter la grande histoire d’amour entre un zombie et sa fille, qu’il a eu avant de se faire tuer et aujourd’hui âgée de 10 ans ; c’est sublime. Le Lac des Morts-Vivants est donc une grosse blague, un film edwoodien dans l’ampleur de son désastre, et finalement du plaisir coupable que nous pouvons prendre à nous en moquer.
Big City (2007)
Suite à la disparition des adultes, les enfants de Big City, un village perdu du farwest, décident d’endosser les activités de leurs parents.
Pour une fois, voilà un film français destiné aux enfants (sans être un dessin-animé) plutôt sympathique. C’est rare. L’histoire part d’un concept assez original, ce qui est tout aussi rare ; ici, les enfants vont devenir l’âme d’un petit village de l’Ouest en reprenant les affaires de leurs parents, que ceux-ci fussent banquier, maire, épicier, voire péripatéticienne. Le tout sous l’œil pas si amusé que ça d’un Eddy Mitchell soulard qui se demande bien dans quelle galère il s’est fourré… Premier constat : ce film est amusant, il se fend d’un bon nombre de références diverses – en particulier aux Western – plus ou moins évidentes, et plus ou moins faciles ; quelques idées plus fines que les autres viennent renforcer l’ensemble. Second constat : les enfants – puisqu’ils représentent 90% des acteurs – jouent étonnamment bien, j’en ai même été bluffé. Les acteurs japonais pourraient en prendre de la graine, je vous le dis. Leur jeu ne rend absolument pas ce film plus gnangnan qu’il ne l’est déjà à la base, même si obliger des pauvres gamins à prendre des accents chinois ou italiens tend vite vers le ridicule le plus absolu ; mais je dirais que cela apporte une touche d’humour supplémentaire.
Là où le bât blesse, je l’ai dit plus haut : c’est un film français, et il est destiné aux enfants. Donc nous n’évitons pas les sempiternelles morales à deux cents sur la tolérance, le racisme, j’en passe et des meilleures. Faire un long-métrage juste plaisant à regarder ne suffisait apparemment pas au réalisateur, qui a voulu y adjoindre des messages terriblement barbants, car vus et revus au point d’en perdre tout impact, surtout dans les œuvres françaises destinées à la jeunesse. A croire qu’il y a des lois pour imposer ce genre de moralisation dans la culture. Là, c’est d’autant plus énervant que cela se pose souvent comme des cheveux sur les haricots au lard dans le fil de l’intrigue.
A part ça, Big City est un film étrangement attachant, que j’ai pris un plaisir certain à regarder mais qui se retrouve hélas gâché par sa morale redondante.