Jeanne et Serge : école, romance et volley-ball

Jeanne et Serge (Attacker You) a ceci de commun avec une autre série sportive – Olive et Tom (Captain Tsubasa) – que si son nom français et ses premiers épisodes pourraient nous faire croire que cet anime se focalise sur les deux personnages composant son titre, la suite nous prouve le contraire. Cette amusante comparaison mise à part, passons à l’analyse proprement dite.

Jeanne et Serge, anime de 1984 adapté du manga en 3 volumes de Shizuo Koizumi (scénario) et Jun Makimura (dessin), est diffusé pour la première fois en France en 1987 dans “Youpi ! L’Ecole est finie”, sur la défunte Cinq. Plus tard, le “Club Dorothée”, puis “Midi les Zouzous” rediffuseront cette série aujourd’hui culte. Dans la grande lignée des animes sur le sport, en France, Jeanne et Serge reste, juste derrière Olive et Tom, un des représentants du genre les plus populaires. Une raison suffisante pour revenir dessus.

Une histoire de volley
Jeanne Hazuki (Yu Hazuki) vient de quitter la campagne et ses grand-parents, pour retrouver à la ville son père qu’elle n’a pas vu depuis des années, à cause de son métier de photographe. Qui dit nouvelle vie dit aussi nouvelle école : Jeanne intègre le collège Hikawa, réputé pour son excellent club de volley-ball ; un peu par hasard, Jeanne rejoint ce club, et ce qui n’était pour elle qu’un jeu va vite se transformer en véritable passion. Désormais, elle a un but : devenir championne de volley, et intégrer l’équipe nationale.

Quelques mots sur la qualité technique
Pour une série de 1984, l’animation paraît plutôt fluide ; évidemment, ce n’est rien comparé aux productions plus récentes, mais compte-tenu de l’époque, ce n’est pas si mal. Seulement, par ailleurs, Jeanne et Serge est percluse de défauts. Le plus visible reste sans doute sa réutilisation constante de séquences d’animation, que ce soit dans les vues du public, les actions sur le terrain, ou les embrassades à chaque fois qu’un point est marqué. Il réside une certaine logique dans tout ça, mais cela peut provoquer des erreurs ; la plus significative reste celle-ci : une joueuse à la morphologie atypique se retrouve à un moment dans une clinique, mais pendant le même temps, durant les matchs, il arrive de la voir dans les “moments d’embrassade” cités plus haut.
Cela souligne le plus gros problème de cet anime : parfois, nous avons l’impression que personne n’a pensé à vérifier les épisodes après leur création, afin de s’assurer que la logique était toujours respectée d’une scène à l’autre. Car ce n’est, comme vous l’aurez compris, absolument pas le cas ! Personnages qui apparaissent ou disparaissent comme par magie, d’autres qui changent de vêtements en plein milieu d’un match, tableaux d’affichages complètement fous qui intervertissent sans arrêt les points et les noms des équipes,… Dans n’importe quelle autre série, cela aurait été anecdotique, voire difficile à repérer ; mais dans Jeanne et Serge, c’est constant. Tout simplement effarant.
La réalisation, néanmoins, apporte beaucoup à cet anime, par le dynamisme qu’elle insuffle aux matchs ; cela fait parti de ce qui le rend passionnante. Pour autant, les membres de son staff se sont peu illustrés dans d’autres séries – que ce soit le réalisateur Kazuyuki Okaseko ou le chara designer Kyomu Fukuda – mis à part Shiro Sagisu (Bleach, Neon Genesis Evangelion) pour la musique. Reste Kazuhiro Arai, le directeur artistique, qui a travaillé sur des animes comme Bubblegum Crisis ou le dernier film GITS SAC.

Japon ou Italie ?
Si Jeanne s’est mise au volley, dans la version française, ce serait en parti pour faire comme sa cousine Mimi ; une cousine qui ne montrera pas le bout de son nez pendant les 58 épisodes de la série, et pour cause : elle n’existe pas. Ou du moins si, elle existe, mais pas dans Jeanne et Serge. Petite explication : avant d’arriver chez nous, Attacker You a fait un petit tour du côté italien ; il faut dire que la Cinq – son premier diffuseur – appartenait au groupe de Silvio Berlusconi ; Italia 1, qui le diffusa en Italie, appartient au même groupe. Nos amis transalpins, avant de nous renvoyer la série, y ont apporté quelques “légères modifications”. Tout d’abord, ils ont supprimé quelques culottes. Et oui, nous le savons peu, mais Attacker You dispose d’un grand nombre de vues sur des petites culottes, et tout autant de scènes de douches dénudées (certaines ont quand même échappé à la censure) ; d’ailleurs, le symbole de Jeanne, représenté sur le drapeau qu’agitent ses amis et fans, est le panda dessiné sur sa culotte préférée. Les masters arrivés en France n’étaient autres que ceux censurés pour la télévision italienne ; tout n’est pas pour autant de leur faute, car la télévision française ne s’est pas gêné non plus pour enlever toutes les scènes violentes, comme les gifles (qu’est-ce que c’est violent une gifle).
Mais avec tout ça, nous ne savons toujours pas qui est Mimi ; ça arrive. Après avoir bien amputé cet anime de quelques séquences, les responsables italiens ont décidé d’inclure à l’histoire le personnage de Mimi ; Mimi, en Italie, est l’héroïne de Attack n°1 (Les Attaquantes en VF), autre série de volley-ball. Mila (il s’agit du nom italien de Jeanne) est donc devenue la cousine de Mimi, bien que les deux séries ne soient liées que par leur thème. La traduction française ayant été effectuée à partir de la version italienne (c’est tellement plus simple), Jeanne a gardé sa cousine fantôme chez nous. A vrai dire, l’héroïne de Ashita he Attack (Smash en VF), autre série sur le volley-ball féminin, se nomme aussi Mimi en Italie. Evidemment, la référence aurait pu tenir si une de ses deux héroïnes s’était appelé Mimi en France ; non seulement ce n’est pas le cas – “Alice” dans les Attaquantes est “Virginie” dans Smash – mais en plus, aucun de ses deux animes n’avait été diffusé en France avant Jeanne et Serge : première diffusion en 1987 pour ce-dernier, 1988 pour les Attaquantes, et 1989 pour Smash.
Maintenant, tenez-vous bien. Mimi est l’héroïne d’Attack n°1, et la cousine de Mila ; mais en Allemagne, Attack n°1 s’appelle… Mila Superstar. Difficile à saisir… D’autant plus que voici :
Le générique de Jeanne et Serge
Le générique de Mila e Shiro
Le générique de Mila Superstar
Et dîtes-vous bien que cette histoire compliquée n’est pas un cas isolé dans le domaine de l’animation des années 80 en France et en Italie.

Mais revenons au scénario
Un personnage principal idiot et passionné, qui va progresser tout au long de la série pour vaincre ses adversaires dans un esprit toujours sportif ; à priori, cela ressemble à un shônen sportif qui aurait une fille comme vedette. Non : Jeanne et Serge est bien un shôjo sportif. La différence réside essentiellement, au début, dans le fait que la série ne se focalise pas uniquement sur le sport, mais aussi sur la vie des personnages en dehors du stade : l’école, l’amour, les conflits avec les autres, bref tout ce qui caractérise bon nombre de shôjo, et surtout dans ce que nous pourrions appeler le “style shôjo”. Mais, à partir d’un moment, Jeanne ne s’intéresse plus qu’au volley-ball, tant et si bien que ces saynètes du quotidien disparaissent progressivement, à l’image de certains personnages ; même le petit frère de Jeanne, son confident sur une bonne partie de l’anime, n’apparaît plus que comme supporter dans les tribunes. Finalement, le côté shôjo finit par ne plus apparaître que dans la méchanceté gratuite dont souffre parfois notre héroïne ; presque caricatural. Le problème, c’est que le reste n’arrive pas vraiment à compenser la disparition de cet attrait ; les matchs se ressemblent beaucoup, leur particularité résidant essentiellement en une ou deux individualités qu’affronte Jeanne, peu dans le déroulement lui-même.
Jeanne et Serge arrive, comme toute bonne série sportive, à rester passionnante sur toute sa longueur – une longueur qui se termine d’ailleurs prématurément – mais la perte progressive de tout “l’à côté” des matchs est dommageable, car il apportait beaucoup de fraîcheur au titre, et ainsi un intérêt supplémentaire. Toutefois, même s’il est vrai que la série s’avère meilleure sur sa première moitié, la seconde n’est pas pour autant à mettre à la poubelle.

Et le manga, dans tout ça ?
Est-il seulement utile de préciser qu’un manga de 3 volumes ne peut pas devenir un anime de 58 épisodes par une adaptation fidèle ? Même si le développement de l’histoire dans le manga est particulièrement rapide – Jeanne ne reste au collège que le temps de 14 chapitres – il y a de nombreuses différences ; et pas seulement dans le fait que l’anime va plus loin et développe mieux les personnages, puisqu’il y a aussi, dans ce-dernier, des éléments qui ont disparu : dans l’anime, après le collège, Jeanne intègre directement les Seven Fighters, tandis que dans le manga, elle suit une scolarité classique, et rejoint un lycée disposant d’un excellent club de volley, entraîné par Mitamura ; Mitamura étant, dans l’anime, l’entraîneur des Seven Fighters. Sans compter que Peggy (Nami) intègre le même lycée, et reste donc sa coéquipière au lieu de devenir une adversaire. Au final, le manga ne s’intéresse qu’à la vie de la collégienne – puis de la lycéenne – pratiquant le volley qu’est Jeanne; jamais nous ne la verrons devenir professionnelle. Ce qui explique d’ailleurs le côté shôjo plus marqué dans la période “post-collège” du manga que dans celle de l’anime.
La différence ne se situe pas qu’au niveau du scénario – ou de la personnalité de Daimon, qui dans la version d’origine est un bonhomme affable et de bon conseil : graphiquement, cela n’a rien à voir. Bien que datant de 1984, le style est indiscutablement celui des shôjo des années 70, aussi bien au niveau des traits des personnages que de leurs mimiques. Aussi étrange que cela puisse paraître, le style n’est pas sans rappeler celui de Yumiko Igarashi (Candy, Georgie) ou de Ryoko Ikeda (Versailles no Bara, Onisama e…). Rien avoir avec le style graphique de l’anime, en somme.
Le manga dispose de qualités propres, mais reste trop rapide dans son développement, et au final, trop court. Il aurait pu, tout comme l’anime, durer plus longtemps.

Conclusion
Aujourd’hui, c’est un anime qui ne plaira vraiment qu’aux nostalgiques ; ou aux curieux. Néanmoins, la seule version DVD disponible chez Declic-Images ne lui rend pas hommage : masters de qualité médiocre avec de nombreuses imperfections sur l’image, VF seule, et surtout épisodes censurés – les morceaux enlevés par les Italiens n’ont sans doute jamais été doublés, mais il manque même les scènes supprimées lors de la dernière diffusion – devraient décourager tous ceux qui n’ont pas sincèrement envie de revoir cet anime certes dépassé, mais disposant de véritables qualités.

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Un commentaire pour Jeanne et Serge : école, romance et volley-ball

  1. hode dit :

    bonjour sachez que j ai regarder la suite de jeanne et serge et g trouve cela pas mal a part la fin elle va au jeu olympique le titre dit vers la medaille d or la serie s arrete quand elle est selectionner et dommage la relation entre jeanne et serge aurait pu etre developper apres tout c est les heros de l histoire

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