Le Top 10 des manga les plus marquants du Chapelier

Une des dernières tendances du moment consiste à parler des dix manga (et plus si affinité) qui nous ont le plus marqué. Pas nécessairement nos préférés, même si nous pouvons évidemment imaginer des points communs, mais plus ceux qui ont forgé nos goûts et notre parcours de lecteur. J’ai déjà publié ma liste sur Twitter, et sur demande d’Herbv, je me livre à mon tour à l’exercice.

Il faut savoir que, pour être tout-à-fait précis, j’avais déjà écrit un article dans cette veine en 2009. A ceci près que ce billet revenait sur mon expérience de lecteur de BD au sens large. J’y expliquais notamment comment j’avais commencé par la BD franco-belge, avant de passer aux comics, puis aux manga, puis de nouveau aux comics, et ainsi de suite.
Cette fois, je me limiterai aux manga, ce qui m’autorise à évoquer plus de titres.

Ceci étant dit, petit résumé des épisodes précédents. Dans ma famille, nous aimons les livres. A tel point que, pour ma sœur et moi, une nouvelle bibliothèque à essayer de caser chez nous (ou chez nos parents) est devenu un cadeau d’anniversaire ou de Noël aussi commun que les livres eux-mêmes. Or, notre philosophie, c’est que les BD sont des livres comme des autres. Et comme mes parents avaient laissé derrière eux – comprenez à leurs frères ou sœurs – l’essentiel de leurs BD, ils furent plus que ravi de m’aider à remplir mes étagères, du moment que je restais dans la BD de leur enfance. Par la suite, cela s’est compliqué, mais ma mère est d’une nature curieuse.
Tout cela pour dire que j’ai commencé à lire des BD avant de savoir lire.

Nous pouvons maintenant entrer dans le vif du sujet : aux dix titres les plus marquants. L’exercice consistait notamment à ne pas donner d’ordre précis à notre sélection, qu’il s’agisse de préférence, de chronologie, ni même alphabétique. J’ai joué le jeu sur Twitter et vous propose donc le résultat dans le même désordre. Je tiens à vous présenter mes excuses à l’avance si tout cela vous parait un peu chaotique.

Si vous me suivez un peu, sur les réseaux sociaux ou sur ce blog, alors la présence de ce titre ne vous surprendra pas. Maintenant, reste à expliquer pourquoi.
Un nom risque de revenir souvent dans ce billet : Dorothée. Je ne m’en cache pas : j’appartiens à cette génération qui a grandi avec le Club Dorothée, et il m’arrive de penser que certains jours, je la voyais plus elle – entourée de ses compères – que mes propres parents. Même si, ne nous voilons pas la face, je regardais surtout pour les dessins-animés. Je me souviens aussi des programmes de La Cinq, bien que la chaine a disparu alors que j’étais encore jeune.
Mais, me direz-vous, Mint na Bokura n’a jamais été adapté en anime, et ne risquait donc pas de passer à la télévision française. Certes. Mais ce n’est pas pour cela que j’en parle.
Lorsque j’étais enfant, il était de bon ton d’éviter les séries dites « pour filles ». Aspect tout relatif dans la mesure où la majorité des spectateurs pensaient que Max et Compagnie et Juliette je t’aime étaient des séries pour filles. Lucile, Amour et Rock’n Roll à la rigueur, parce que le chat était marrant. Jeanne et Serge aussi, parce que c’était du sport. Mais Candy ? Hors de question ! Puis est venu la série que tous les garçons regardaient sans pouvoir l’avouer : Sailor Moon, avec ses puissantes guerrières, Sailor Mercury, son humour, Sailor Mercury, son action, et Sailor Mercury. Et ses transformations étrangement déshabillées. C’était pour filles, les jouets Sailor Moon étaient des trucs de filles, mais c’était génial. J’adorais cette série.
Plusieurs années plus tard, je commence à lire des manga. Dans la librairie généraliste à côté de mon école, je trouve le rayon manga, où je découvre de nombreux titres que je ne connaissais pas, vu qu’aucune adaptation ne passait à la télévision. Un jour, je tombe en arrêt devant une couverture magnifique : celle de Mint na Bokura.
Et là, savez-vous ce que j’ai fait ? Absolument rien. C’était tellement rose, je n’ai pas réussi à aller à l’encontre de mon conditionnement (et vous ne pouvez pas savoir à quel point cela m’a fait mal au cœur sur l’instant).
Cela aurait pu s’arrêter là, et ma vie aurait bien triste et dépourvue de shôjo.
Quelques temps auparavant, j’avais appris qu’un de mes amis d’enfance s’était lui-aussi mis au manga. Que lui-aussi commençait des nouveautés un peu par hasard, en tâtonnant. Mais que lui avait réussi à acheter le premier tome de Mint na Bokura. Alors que croyez-vous que j’ai répondu lorsqu’il m’a proposé de me le prêter ?
Je suis immédiatement tombé amoureux de ce manga. Dès lors, acheter un manga pour filles avec des couvertures d’un rose éclatant ne m’a plus jamais posé de problème.
Et si vous avez lu ce manga, vous savez que Naoko Takeuchi, l’auteur de Sailor Moon, en a dessiné quelques cases. La boucle est bouclée.

J’ai énormément hésité avant d’inclure ce titre dans ma liste. A la rigueur, vous pouvez le voir comme un rajout afin d’obtenir un compte rond. Car le plus marquant avec ce manga, c’est peut-être bien à quel point il ne m’a pas marqué. Alors qu’il s’agit de mon premier.
De nouveau, petit retour en arrière. Vous constaterez assez vite, si ce n’est pas déjà fait, que ma plongée dans le monde fantastique des manga allait forcément arriver à un moment ou un autre de mon existence. Tout simplement car il combine deux choses qui me passionnent depuis l’enfance : les BD et l’animation japonaise. C’est pour cela que la majorité des titres qui m’ont donné l’amour du manga sont des séries dont les adaptations animées furent diffusées en France. Et donc, Dragon Ball ?
Lorsque j’étais enfant, j’avais l’impression que mes petits camarades et moi pouvions être divisés en deux groupes : ceux qui ne juraient que par Dragon Ball, et ceux qui préféraient Les Chevaliers du Zodiaque. Ne pouvant décidément pas faire comme tout le monde, j’appartenais à la deuxième catégorie.
Sauf qu’il faut croire que Dragon Ball était beaucoup plus populaire, ce qui se ressentait dans la disponibilité de n’importe quel produit dérivé. De fait, je n’ai jamais eu de produit estampillé Chevaliers du Zodiaque, à la différence de Dragon Ball. Pas des jouets, mais des cartes à collectionner, une version audio des Mercenaires de l’Espace avec un fascicule, et évidemment les courts manga proposés par Glénat, en vente chez tous les marchands de journaux.
Ces manga – qui devaient représenter chacun un quart ou un tiers d’un album normal – furent donc mes premiers. Et pour les mêmes questions de disponibilité, mon premier tome de manga appartenait à la même série. Il s’agissait du dix-septième de la version classique, celui marquant le passage de Dragon Ball à Dragon Ball Z.
Je mentirais en prétendant que je n’ai pas lu et relu chacune de ces BD, mais cela n’a pour autant jamais déclenché chez moi la moindre envie d’en lire plus. J’ignore si cela venait de l’absence de couleurs, de la croyance qu’il s’agissait d’un produit dérivé du dessin-animé (comme les simili romans-photos à base d’images de dessins-animés vendus à l’époque), ou tout simplement du fait que j’appréciais ce dernier mais sans non plus m’entrainer à faire des Kamehameha dans la cour de l’école. Toujours est-il que mon premier manga ne m’a pas touché plus que cela.
Il faudra attendre mon année de Terminale, alors que j’avais déjà commencé à lire des manga de manière assidue au collège, pour que j’entame enfin ma lecture complète de la série. Ce grâce à un ami qui possédait tous les tomes, et qui m’en apportait un chaque matin que je lisais en cours (parce que c’était quand même plus intéressant). A ma grande surprise, c’est surtout la première partie, la plus humoristique, à laquelle j’ai accroché (je vais donc adorer Dr Slump lorsque la série sera rééditée).
Aujourd’hui j’ai la collection complète, et prendrai peut-être la première partie en édition perfect.

Vous vous rappelez du chapitre (et chien fou) précédent, lorsque j’explique que mes premiers manga correspondirent à des séries dont je suivais la version animée dans mon enfance ? Et Bien Lady Oscar / La Rose de Versailles n’est ni un de mes premiers manga, ni une série de mon enfance. C’est d’ailleurs assez étrange. Autant je garde des souvenirs vivaces de nombreux titres – dont certains, comme La Reine du Fond des Temps, dont je n’avais vu qu’un seul épisode – autant Lady Oscar, j’ai vraiment l’impression d’être passé à côté. En tout cas, je n’en ai aucun souvenir.
Ce qui me donne l’occasion de rappeler une vérité importante : même sur le réseau hertzien (et sans même compter les rares moments en clair de Canal+), des animes ont continué à être diffusé après la disparition du Club Dorothée. En particulier sur France 2 et France 5, même si je ne suis pas certain que cette-dernière s’appelait déjà comme ça à l’époque. Quant au choix des séries, il se faisait plutôt du côté des classiques et des titres qui ne faisaient pas trop de vague, avec Equipières de Choc parmi les rares inédits. Nous avons donc eu droit notamment à des rediffusions d’Olive et Tom, Les Mystérieuses Cités d’Or, ou encore Les Quatre Filles du Dr March. L’émission Midi les Zouzous en particulier se terminait par une série japonaise (ou à défaut une coproduction). Lady Oscar correspondait parfaitement à leur politique éditoriale, et c’est ainsi que j’ai eu l’occasion de la découvrir. Sans surprise, j’ai adoré. Ses personnages charismatiques, son contexte historique, la beauté de ses dessins et de son chara design, sa musique, son drame poignant, et cette fin ! Comment voulez-vous ne pas aimer ?
Lorsque j’ai découvert l’anime, le manga était déjà disponible grâce à Kana. Mais sous la forme de deux (bientôt trois) pavés monstrueux avec un prix à l’avenant, alors que j’étais jeune étudiant. Il m’aura donc fallu quelques temps pour sauter le pas.
De nouveau sans surprise, ce fût un choc. Le dessin de Riyoko Ikeda magnifiait le récit, avec ses personnages aux yeux incroyables, aux membres fins, et aux pantalons à patte d’eph (parce que les années 70). Ce manga proposait non seulement les codes propres aux shôjo classiques mais aussi un sens du drame et de l’épique que nous ne trouvions plus nécessairement dans les titres récents, et qui m’ont encore plus fait prendre conscience du potentiel des manga destinés au public féminin au-delà de la romance et de l’humour.
Je suis dès lors entré dans un nouvel univers fait de shôjo poignants, de shôjo anciens, et de shôjo poignants et anciens. Cela continue de me poursuivre.
Et vous savez quoi ? J’ai encore plus aimer Très Cher Frère.

Lorsque j’ai écrit la première version de cette sélection – qui, je le rappelle, ne correspond pas nécessairement à mes titres favoris – j’avais inclus Yu-Gi-Oh. Mais cela aurait pu tout-aussi bien être Naruto.
Les points communs entre les trois sont faciles à identifier : il s’agit de trois séries issues du Shônen Jump, publiées par Kana, sans doute représentatives des codes du shônen lors de leur publication, et qui se sont avérées particulièrement longues. Le fait qu’elles furent publiées par Kana n’est sans doute pas une coïncidence : lorsque j’ai commencé les manga, ce type de séries m’apparaissait comme leur spécialité, et les dernières pages des tomes des Chevaliers du Zodiaque regorgeaient de publicité, ce qui m’a sans doute poussé à franchir le pas.
Si je vous bassine sans arrêt avec les shôjo manga, c’est en grande partie parce que j’estime qu’ils ne bénéficient pas de la visibilité qu’ils méritent. Mais dans les faits, je lis de tout, et une analyse de ma bibliothèque ne peut aboutir qu’à la conclusion suivante : le Shônen Jump est de très loin le mangashi le plus représenté sur mes étagères. Aucune comparaison possible. Bon, il s’agit aussi sans doute du plus représenté en librairie, ce qui explique cela.
Cela a certes débuté avec des titres comme Les Chevaliers du Zodiaque et Dragon Ball, effectivement issus de ce mangashi, mais j’en ai pris véritablement conscience plus tard, lorsque j’ai commencé à me diriger vers des séries inédites, comprenez des séries dont aucune version animée n’avait été diffusée sur TF1 ou La Cinq.
Parmi les shônen que j’ai commencés alors que je lisais des manga depuis peu de temps, Shaman King est celui qu’il me parait le plus pertinent d’inclure dans cette sélection. Car j’avais découvert Yu-Gi-Oh à la télévision, et car j’ai commencé Naruto dès le premier tome, donc avant que cela ne devienne un shônen à rallonge. Shaman King fût donc mon premier shônen à rallonge (un genre en soit) issu du Shônen Jump (un autre genre en soit), commencé alors qu’il était déjà bien entamé – donc avec un nombre conséquent de tomes à rattraper – et alors que je n’en connaissais rien. Je n’ai jamais regretté.
Avec le recul, il reste mon préféré parmi les trois que j’ai cités. Ce malgré une fin sur laquelle je préfère ne pas revenir, mais si vous l’avez lu vous comprenez ce que je veux dire. Je ne mentionnerai pas non plus la traduction et la cohérence d’un tome à l’autre, mais disons seulement que Kana a fait beaucoup de progrès depuis.
Shaman King possède tous les éléments d’un bon shônen à rallonge : il modernise un concept existant (celui des shamans et du spiritisme) en lui rajoutant une bonne dose de bagarre et de pouvoirs (le furyoku), introduit une armée de personnages charismatiques aux looks improbables, et emballe le tout avec un scénario efficace et beaucoup d’humour. Avec en prime l’ambiance créée par Hiroyuki Takei et sa science du design absolument unique en son genre. Voilà maintenant j’ai envie de la relire.

J’ai déjà consacré un billet à ce manga en particulier, mais cela n’interdit pas un récapitulatif.
Une des bizarreries de ma scolarité, c’est qu’il existe deux personnes avec qui je suis resté dans la même classe pendant une dizaine d’années, et ce malgré des changements d’école. Il s’avérera qu’elles vont toutes deux se mettre aux manga. Nous appellerons la première F, et c’est elle qui nous intéressera dans ce chapitre.
Alors en 6ème, je monte dans le bus devant me ramener chez moi, et je la vois en train de lire un livre à l’envers. Sur la couverture, un personnage ressemblant à Nicky Larson, mais avec un titre ne correspondant pas : City Hunter. Ce souvenir refera surface bien des années plus tard. Arrivé au lycée, apprenant que j’ai commencé à lire des manga, elle m’expliquera que sa sœur et elle sont fans de Tsukasa Hojo.
A cette époque, j’avais déjà appris qu’il s’agissait de l’auteur de deux séries dont je suivais les adaptations animées, mais sans un attachement particulier : Nicky Larson / City Hunter et Cats Eye. C’est pourtant un autre titre qu’elle me recommande, son préféré : Family Compo.
Double problème : le manga est publié par Tonkam, ce qui suggère alors une faible disponibilité en magasin (je n’en verrai en boutique pour la première fois qu’après avoir fini le lycée), et surtout, il semblerait que l’auteur a décidé de renégocier les droits de ses œuvres, et que Panini Comics a emporté la pactole.
Trouver l’intégralité des tomes va donc me prendre du temps, et m’obliger à passer à la caisse pour le dernier. Mais je ne l’ai jamais regretté. Parmi les titres de cette sélection, Family Compo fait effectivement parti de mes préférés. Il s’agit d’une série mature et sensible, sur des thèmes parfois durs mais qui sait aussi les traiter avec humour. Elle m’a beaucoup touché, et m’a pousser à reconsidérer mon rapport à Tsukasa Hojo, dont j’ai dès lors commencer à dévorer les œuvres.
Ce mangaka est longtemps demeuré un de mes favoris. Sa façon de mélanger action, humour, et drame ne possède pas d’équivalent à mes yeux. C’est malheureusement moins vrai ces dernières années, puisqu’il me donne l’impression de surtout pencher vers le drame lorsqu’il en a l’occasion. Or Angel Heart aura fini par me lasser à cause de cela, si bien que je me suis arrêté à la fin de sa « première saison ». Toutefois, il n’en reste pas moins un auteur qui a énormément compté pour moi, pendant de nombreuses années. Et j’aime toujours autant Family Compo.

Jusqu’à présent, j’ai parlé de plusieurs séries qui m’avaient été prêtées ou conseillées par d’autres lecteurs. Je reviendrai sans doute plus tard sur mon rapport aux autres lecteurs et comment cela a influencé mes lectures. Toujours est-il que ma découverte des manga coïncide avec une démocratisation d’internet. J’ai commencé à m’en servir l’année où le site Animint a vu le jour, même si je ne m’y connecterai pour la première fois que bien plus tard. Car en raison du forfait très limité dont je bénéficiais, il faudra du temps pour que je puisse réellement explorer ce nouvel espace et en comprendre les possibilités. Plus exactement, faudra attendre que j’ai l’ADSL – à quelques mois du baccalauréat, monumentale erreur – pour véritablement m’en servir, et ainsi m’intéresser aux sites et forums consacrés aux manga et à l’animation japonaise.
En me renseignant sur les classiques, un nom revient sans cesse : celui d’Osamu Tezuka. Or, cela peut paraitre étrange aujourd’hui, mais Osamu Tezuka faisait alors l’actualité. Il faut se replonger dans le contexte : Le Voyage de Chihiro vient de dépasser le million d’entrées dans les salles françaises, ce qui contribue à la bonne image de l’animation japonaise dans l’Hexagone. Dans ces circonstances, les distributeurs cherchent le nouveau Voyage de Chihiro, la production nippone qui réussira à faire aussi bien que son ainée. Une aubaine pour Metropolis, long-métrage signé Katsuhiro Otomo et Rintaro d’après Osamu Tezuka, et dont le dessin proche de celui du maitre permet à un jeune public de se familiariser avec celui-ci. Je ne le verrai pas lors de sa sortie en salles mais quelques mois plus tard en DVD. Vient ensuite le moment de se plonger dans la bibliographie de l’auteur, mais par où commencer ?
A l’époque, le principal éditeur de l’auteur était sans doute Tonkam. Or, c’est aussi à cette époque que j’ai eu pour la première fois accès à une boutique spécialisée, soit un endroit où acheter leurs titres. Ce qui va m’aider à faire mon choix quant au premier à tester, c’est le programme de réimpressions disponible sur le site de Tonkam, puisqu’il fonctionnait beaucoup sur des petits tirages et des réimpressions voire des rééditions. Ce programme me permet de constater que l’éditeur se lance dans une version « de luxe » de L’Histoire des 3 Adolf de Tezuka.
Non seulement la série s’intéresse à des thèmes qui me parlent, mais il s’agit d’une des grandes réussites de l’auteur (qui en a connu beaucoup mais aussi pas mal de moments de moins bien). Elle était donc parfaite pour me faire découvrir ce mangaka et me donner envie de le suivre, mais aussi pour me donner le goût des classiques et des titres plus anciens en général. Cela ne m’a jamais quitté.

Jusqu’à présent, à la lecture de ce billet, vous pensez peut-être que je suis passé directement de la fin du Club Dorothée aux manga. Ce n’est absolument pas le cas. La lecture du premier manga qui m’a donné envie d’en lire plus (par opposition à Dragon Ball) est survenu après un autre moment fondateur : celui où j’ai replongé dans l’animation japonaise.
C’est véritablement lorsque le Club Dorothée s’arrête que je prends conscience d’à quel point j’y tenais. Et c’est deux ans plus tard, lorsque je découvre Neon Genesis Evangelion, que je me rends compte à quel point j’adore ça. Je me mets à suivre de très près chaque diffusion d’une nouvelle série nippone – comme Vision d’Escaflowne et Cowboy Bebop – puis je découvre le marché de la VHS d’anime. Chaque coffret coutait une petite fortune (d’autant plus pour un collégien puis lycéen), et je ne parle même pas des VHS individuelles rendant chaque série pour le moins onéreuse. A force d’économie, j’arrive tout-de-même à récupérer Neon Genesis Evangelion, la majeure partie des Chevaliers du Zodiaque ainsi que les films, des OAV de Ranma ½ et Silent Möbius. En parallèle commencent à apparaitre les DVD, mais niveau tarifs, c’est souvent pire. Quiconque a acheté ceux proposés par Dybex à l’époque vous le dira.
Si vous vous demandez pourquoi Love Hina a autant marqué le public français (même si la série semble aujourd’hui avoir disparu dans les limbes), voici selon moi une partie de l’explication : c’était la série TV la moins chère disponible en magasin. Dans un premier temps au prix de 60€ pour 26 épisodes, elle est rapidement tombée à 45€ puis 30€ ! Et même à 60€, c’était déjà la moins chère. Il fallait peut-être bien ça pour vendre un anime alors jamais diffusé à la télévision. Je crois que de nombreux spectateurs l’ont acheté rien que pour ça.
Les qualités de la série firent le reste. Je veux bien qu’elle paraisse aujourd’hui passé de mode, mais cette comédie pour adolescents avec un côté pervers très assumé (et non censuré) apportait alors quelque chose de totalement nouveau dans le paysage français. Nous n’avions jamais vu ça.
Le même qui me prêtera plus tard Mint na Bokura – et qui est le frère de la seconde personne avec qui j’ai passé dix ans dans la même classe, si vous suivez – me fera lire la version manga, que je vais encore plus aimer et qui deviendra le premier manga « hors Club Dorothée » que je vais acheter. Je garde de cette époque un véritablement attachement pour Ken Akamatsu. Ses manga me font beaucoup rire, et Negima – mon titre préféré de l’auteur – va réussir l’exploit de rendre chaque tome encore meilleur que le précédent. Même si je me suis détourné de la comédie harem depuis pas mal de temps, Love Hina est un titre qui a beaucoup compté en cela qu’il fait parti de ceux qui m’ont donné l’amour du manga, et sans lesquels je ne serai sans doute pas là aujourd’hui.

Qu’est-ce que je disais déjà sur le Club Dorothée ? Le hasard veut que je parlerai en dernier du manga le plus important de cette sélection, donc pas mal de choses que je pourrais dire sur celui-ci risquent de se retrouver dans cette partie. Je pense toutefois que ce sera le plus court car je n’ai pas tant de choses à raconter.
Lorsque j’ai commencé à véritablement m’investir dans l’animation japonaise, un de mes premiers réflexes fût de me tourner vers des titres de mon enfance que je souhaitais redécouvrir avec un œil neuf, et que je n’avais pas pu voir dans leur intégralité. Lorsque j’ai commencé les manga, le même phénomène s’est produit : je me suis dirigé en premier lieu vers des noms connus. Dans un cas comme dans l’autre, cela impliqua Ranma ½.
Ranma ½ n’était pas forcément une de mes séries favorites dans le Club Dorothée, mais j’avais de l’attachement pour les personnages et elle m’amusait. Rétrospectivement, il ne s’agit pas de ma création favorite de sa mangaka Rumiko Takahashi, dans la mesure où je préfère Urusei Yatsura. Mais ce manga a émaillé mes premières années de lecteur.
Une des raisons pour lesquelles je l’ai commencé, outre le souvenir j’en avais, c’est qu’elle était encore en cours de publication, et donc mise en avant parmi les nouveautés dans la librairie à côté de mon école. Elle m’a plu et je me suis donc mis à la suivre jusqu’à la fin. Compléter la collection fût par contre un exercice plus délicat qui m’aura pris trois ans. Elle compte tout-de-même 38 volumes, et resta pendant quelques temps le manga le plus long dont je disposais.
Vous pourriez penser que cette série m’a peu marqué, dans la mesure où j’en parle peu. Ce qui rend discutable sa présence dans cette sélection. Elle a pourtant joué un rôle primordial.
J’ai commencé à lire des comics finalement assez peu de temps avant de découvrir l’existence des manga au-delà de Dragon Ball. Par la suite, je ne prétends pas m’en être détourné, mais avec mon budget limité, j’ai choisi de me concentrer plus sur les manga que sur les comics. Quant à la raison, c’est peut-être tout simplement car les premiers comics que j’avais lu, des fascicules disponibles en kiosque, se sont avérés relativement quelconque (en tout cas par rapport à ce que cette production peut offrir). Par conséquent, j’estime que mes premiers manga (hormis Dragon Ball) ont tous joués un rôle déterminant et mériteraient tous de figurer dans cette sélection. Car s’ils n’avaient pas été là pour me donner envie d’en lire plus, je serais peut-être passer à autre chose (quitte à y revenir plus tard). Même si je n’ai pas commencé que par des chefs d’oeuvre, j’ai découvert les bonnes séries au bon moment, c’est du moins ce que j’aime croire. Ranma ½ incarne toutes ces séries de mes débuts de lecteur.

Cela fait maintenant plusieurs années que je n’ai plus accès à des librairies proposant des manga, qu’elles soient spécialisées ou non. Il s’agit d’endroits que j’apprécie particulièrement, donc forcément, cela me manque. Pour autant, j’ai rarement demandé conseil aux libraires. Voire même jamais. S’il devait y avoir une raison, c’est parce que j’ai longtemps fréquenté des librairies vendant des manga uniquement car ils représentaient une source de revenus, et non car cela les intéressait spécialement. Je ne connaissais vraiment que trois autres lecteurs, une trop spécialisée pour vraiment recommander quoi que ce soit en dehors de son auteur fétiche, et deux autres qui tâtonnaient autant que moi. Ma première inscription sur un forum ne viendra que plus tard.
Dans ces cas-là, comment faire ? Dans un premier temps, tu te diriges vers des noms connus. J’en ai déjà cité quelques-uns. Mais la technique a ses limites, puisque tu découvres un éditeur nommé Pika avec une passion particulière pour les adaptations en manga d’anime diffusés en France, pour un résultat rarement probant. Je les ai quasiment tous revendus.
Dans un second temps, tu testes, tu prends des risques. Les libraires savent bien où se trouvent leur intérêt, ce qui dans le cas de la librairie près de mon école signifiait ne proposer vraiment que les dernières nouveautés et les titres les plus vendeurs. Quand une étagère contient plusieurs exemplaire du tome 1 d’une série en cours, c’est probablement que la série en question fonctionne, ce qui est bon signe.
Lire des manga, ce n’est pas que commencer des nouveautés ou se replonger dans sa petite enfance. C’est aussi découvrir les classiques modernes, les séries du moment, même si elles ont déjà plusieurs volumes au compteur. Ce qui était sans doute plus facile alors, dans la mesure où l’offre était plus réduite.
Un jour, je sors de la librairie avec le premier volume de deux séries : One Piece et Monster. L’une n’a jamais réussi à m’inspirer plus qu’un désintérêt poli, et ce n’est pas faute d’avoir lu jusqu’au tome 7. J’ai adoré la seconde, qui fait toujours parti de mes favorites, et m’a permis d’ouvrir les portes d’une production manga beaucoup plus adulte, au-delà de la bagarre, des histoires d’amour fleur bleue, et des comédies avec des garçons qui se changent en filles.
Ce fût mon premier seinen et il m’a fasciné, évidemment qu’il m’a marqué et mérite sa place dans cette sélection. La façon dont je l’ai choisi (presque) par hasard a aussi joué.

Avouez, vous ne l’attendiez pas. Si ?
Qu’est-ce que vous voulez que je dise de plus. C’était ma série préférée lorsque j’étais gamin, ma passion pour la mythologie grecque vient de là tout comme mon pseudonyme, j’ai acheté les deux éditions du manga et la série TV à la fois en VHS et en DVD (films inclus). Pire, je me suis mis aux manga à cause d’elle ! Parce qu’autant Dragon Ball m’en avait touché une sans faire l’autre (la classe), autant lorsque j’ai trouvé par hasard deux tomes au fond d’un bac d’une librairie de quartier, j’ai immédiatement su qu’il me les fallait. Qu’importait qu’ils furent en noir et blanc, imprimés à l’envers, ou évoquant des événements que je ne connaissais pas encore dans la mesure où il s’agissait d’une partie alors inédite en anime. C’était Les Chevaliers du Zodiaque et c’était tout ce qui comptait.
Il n’y a rien à rajouter.

Avant de se quitter, un petit bilan. Que ce soit conscient ou non, mes séries les plus marquantes sont soit celles qui m’ont donné l’envie de lire des manga puis sont venus consolider cette passion naissance, soit celles qui m’ont permis de découvrir de nouveaux horizons et ont orienté mes goûts. Les deux ne sont pas forcément incompatibles, preuve en est que j’ai lu Mint na Bokura assez tôt dans mon parcours de lecteur. J’ai beau avoir une réputation de râleur (voire de haineux), je me suis focalisé sur des séries qui m’ont marqué pour des raisons positives, et non parce que je les ai détestées au point de mettre de côté leurs auteurs voire leurs genres d’appartenance (mais je ne pense pas que cela me soit arrivé). Plus que tout, je crois que cette sélection me résume parfaitement : elle part dans tous les sens, brasse large, avec aussi bien du shônen dans ce qu’il peut avoir de plus codifié, du shôjo célébrant la simplicité du quotidien et les amours naissants, du seinen poussant à la réflexion, du récent (pour l’époque), du moins récent, du classique, et évidemment du shôjo des années 70. Cela correspond bien à mes goûts ; ils évoluent sans cesse, s’affinent, me poussent à tenter de nouvelles expériences, mais les grandes lignes sont déjà là, dans cette sélection. J’aurais pu intégrer de nombreux autres titres, mais j’estime qu’ils auraient sans doute plus correspondu à ma rencontre avec un auteur en particulier.

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4 commentaires pour Le Top 10 des manga les plus marquants du Chapelier

  1. Hervé Brient dit :

    À ça, ça part dans tous les sens 🙂 Et merci pour ton top 10 des mangas les plus marquants avec de belles et longues explications. C’était d’autant plus intéressant à lire que nous n’avons pas du tout les mêmes intérêts et le même parcours 🙂

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  2. ialda dit :

    Joli portrait de lecteur de manga. Pas mal de nostalgie en contrecoup du coup, même si je n’ai ni tout à fait le même parcours, ni tout à fait la même chronologie dans ma découverte, ni tout à fait les mêmes titres cultes.

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  3. a-yin dit :

    Nous n’avons pas tout à fait le même parcours ni les mêmes origines sociales 🙂 mais c’est vraiment un texte intéressant à lire ^^ . Je m’aperçois que toi aussi tu es tout de même lié aux personnes rencontrées soit au lycée soit au collège, d’une certaine manière, même si tu achetais tous tes livres.

    Un truc que j’ai en commun avec toi, c’est bien de me passer des conseils de libraires. Bien souvent, je connais mes goûts (et encore plus maintenant) et je n’ai pas trop besoin de conseil. Et lorsque j’étais en boutique manga, comme toi, je ne ressentais pas une réelle passion mais plutôt un commerçant (c’est A MES YEUX le cas des librairies manga de la rue Keller ou dans les boutiques genre Mangarake de République). J’avais plutôt l’impression d’une personne voulant me refourguer sa came quoi. Je crois que même aujourd’hui, je ne fais pas super confiance aux professionnel-le-s, que ce soit la presse ou les libraires. J’ai mon avis ou bien des lecteurs et lectrices que je considère comme des « pairs » (notamment sur le forum de Mangaverse). Je ne parle pas des rézosocio non plus, complètement contaminé par la « communication » des éditeurs et où seuls les avis positifs ont droit de citer (vu qu’il faut penser positif…).

    Family Compo faisait partie des manga, sorti avant 2000, qui m’intriguait beaucoup! Pas à cause de Tsukasa Hôjo, mais surtout à cause de son sujet. Je me souviens qu’il coûtait 45F, une fortune pour moi. je ne l’ai lu que plus tard, via le club manga de mon école après le bac (école dont les otaku regorgeaient de fans de Love Hina ET d’anime harem, chose que je ne peux PLUS lire ou voir aujourd’hui car j’en ai été gavée). Je crois que Ranma 1/2, après Dragon Ball, m’a fait réaliser que je préférais LARGEMENT lire les manga que regarder des anime. Ranma, je n’aimais pas du tout quand il passait dans le Club Do, mais j’a redécouvert ce dessin animé à Hong Kong. Puis un ami de lycée me prêtait la série, qu’il faisait, et j’ai ri à chaque gag, ce qui n’était pas le cas en dessin animé. De plus, je trouvais le dessin tellement joli en manga *___* !!! Monster aussi m’a marqué, je pense que c’est la première fois qu’on entendait parler de « seinen » aussi. Je le lisais surtout en Fnac, et j’adorais aussi. J’ai aussi lu Mint Na Bokura (en Fnac encore une fois) et j’ai trouvé ce manga étonnamment bon. C’est vraiment un manga bien fichu en fait, de la narration aux dessins en passant par l’histoire. Et puis c’est mignon mais l’âge des personnages principaux n’agace pas, contrairement à d’autres titres où les personnages sont plus âgés mais se comportent comme des gamin-e-s.

    C’est drôle que Dragon Ball ne t’ait pas marqué ^^ . Peut-être aussi parce que tu n’avais pas lu le tout début? Comme toi, j’ai une large préférence pour la période de Goku quand il est enfant. J’hésite encore à revendre l’édition Perfect (j’ai 16 volumes) ou à ne revendre que les volumes 14 15 16 afin de garder la période avant Z justement. Je vois que One Piece ne te marque pas plus, je me disais aussi que je voyais peu de choses à ce sujet sur le blog ou même sur le forum ^^ . J’avoue que je suis plutôt du clan Dragon Ball, et j’ai du mal à comprendre cette fascination pour Saint-Seiya.

    Mon petit cousin de Hong Kong était comme toi, il préférait largement les trucs dits « pour fille » comme Sailor Moon ou Fushigi Yûgi et n’aimait pas du tout Dragon Ball Z!!!

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  4. Gemini dit :

    Hervé & Ialda >> Normal que nous n’ayons pas le même parcours : je suis jeune 😛

    a-yin >> Ah, je n’ai pas acheté tous mes livres. Hormis pour Wingman, je me suis toujours fait prêté les Masakazu Katsura (et j’ai toujours été déçu). A une époque j’empruntais aussi à la médiathèque, mais hormis Jiro Taniguchi, il n’y avait pas grand chose…

    Concernant les libraires, j’aimais bien discuter avec Cham ou Hughes (de la librairie Manga no Yume), pour autant je n’ai jamais recherché leurs conseils dans la mesure où, effectivement, je les imaginais surtout essayer de me vendre un livre supplémentaire (comme si je ne repartais pas avec suffisamment de bouquins). Après, je suppose qu’ils ont suffisamment d’expérience pour repérer les clients qui recherchent du conseil ou non.

    Tu connais mon avis concernant la communication des éditeurs sur les réseaux sociaux, il rejoint le tien. Je les suis pour les annonces de nouveautés ou rééditions, et si je pouvais filtrer tous les messages qui n’ont rien à voir, je le ferais. Pour la plupart, c’est quand même beaucoup de liens vers des avis positifs (logique) voire de la mauvaise foi (du genre « nous avons décidé d’utiliser un papier de mauvaise qualité pour faire plaisir aux lecteurs »). J’ai tout-de-même beaucoup de sympathie pour le/la CM de Panini Manga, la seule personne en première ligne chez cet éditeur.

    Pour Family Compo, je crois que c’était 42 Francs. J’en avais trouvé deux tomes neuf à ce prix, mais alors que nous étions passés aux Euros depuis déjà quelques temps (personne n’allait dans cette librairie). Le vendeur avait dû calculer l’équivalent en Euros car ce n’était même pas étiquetté correctement ^^’

    Je ne crois pas que je préférais les séries « pour filles » quand j’étais gamin. Je regardais Jeanne et Serge (dont l’anime est quand même beaucoup plus unisexe que le manga dont il est grossièrement adapté) et Sailor Moon, mais cela s’arrêtait là. A cause de mes propres préjugés. Il m’a fallu quelques années pour m’y mettre, et je n’ai jamais regretté. Mais quoi qu’il en soit, je lis/regarde de tout (hormis du hentai).

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