Ceci est un vieil article retrouvé sur un précédent blog. Je vous le propose tel quel, sans altération (hormis cette petite introduction). Bonne lecture à toutes et à tous !
Fils d’un célèbre pianiste, Chiaki Shinichi étudie la musique dans une académie au Japon et rêve de devenir chef d’orchestre. Malheureusement pour lui, il souffre d’une phobie des transports qui l’empêche d’aller faire ses preuves en Europe. Nodame, de son côté, semble ne voir dans la musique qu’un amusement, et ne pas la prendre au sérieux en dépit d’un talent peu commun.
Voisins de palier et élèves dans la même université, leur rencontre était inévitable.
Un drama. J’ignore pourquoi, mais j’ai toujours vu dans les drama un terrain d’adaptation plus propice pour les shôjo que peut l’être l’animation. Probablement car les deux formats ne visent pas exactement le même public, ou alors car la présence d’acteurs de chair et de sang aide à apporter un aspect plus humain, fondamental pour un récit qui place le sentiment au centre de toute chose. Cela pourrait être aussi car nombre de shôjo évoquent le quotidien, ce qui rend une transposition live plus aisée que pour des histoires faisant intervenir de l’action ou des environnements étrangers. Mais il s’agit d’un autre débat.
Nodame Cantabile, c’est d’abord un manga de Tomoko Ninomiya. Depuis sa création, il a été transposé en animes, en jeux vidéo, et vous l’aurez compris en version live.
J’adore Nodame Cantabile, qui figure sans aucune difficulté parmi les séries les plus drôles, belles, et sensibles que je connaisse. D’accord, l’abondance de musique classique dans sa version animée m’avait bien aidé à l’apprécier, mais le manga réussit à m’émerveiller tout autant sans cet artifice. La façon de traiter les sentiments du couple vedette, la diversité et le style des personnages, tout contribue à donner forme à une œuvre tout simplement exceptionnelle.
Par contre, je ne suis pas particulièrement axé drama. Voire même productions live japonaises récentes dans leur ensemble, essentiellement à cause de la pauvreté ridicule de leurs effets spéciaux, et du jeu des acteurs locaux que je trouve bien trop exagéré à mon goût. Ce qui n’empêche pas l’émergence de quelques perles, malheureusement trop rares.
Mes quelques incursions dans le domaine des drama en particulier ne m’ayant que peu convaincu, je n’avais jamais émis l’envie de m’essayer à la version live de Nodame Cantabile. Jusqu’à ce que je découvre un extrait tout simplement hilarant du premier épisode, et que je me décide à franchir le pas.
Ce drama partait avec un désavantage flagrant : je connaissais déjà parfaitement l’histoire, que j’avais pu apprécier par deux fois. Donc il fallait qu’il me surprenne, qu’il m’apporte une valeur ajoutée par rapport au manga et à l’anime. Et je n’ai pas été déçu.
Je pourrais entamer cette critique en évoquant les différences scénaristiques, mais je vais me contenter de citer les plus importantes, puisque tout le monde ne connait pas forcément l’histoire de Nodame Cantabile. Dans l’ensemble, cela tient plus du détail, avec quelques personnages qui gagnent plus d’importance que dans le manga d’origine ; les seuls changements de taille concernent des passages qui ont été purement et simplement enlevés. Heureusement, l’écriture du drama se révèle suffisamment cohérente pour que seuls ceux connaissant la série remarquent leur absence.
Comme l’histoire reste la même, le drama doit faire appel à d’autres atouts pour attirer le spectateur, et le premier d’entre eux est ce que j’appellerai le rendu, c’est-à-dire tout l’aspect visuel. Il existe de nombreuses différences entre un anime et une série live, et la première qui m’a sauté aux yeux est celle-ci : autant créer des personnages un peu exubérants ne gêne en rien pour un anime (même si celui-ci se veut un minimum réaliste), autant avec de vrais acteurs, cela devient très vite disproportionné et même ridicule. Non pas un ridicule kitsch – quelque chose qui donnerait l’impression de ne pas être souhaité et perturberait l’ensemble – mais un véritable ressort comique.
Et toute la première partie du drama est à cette image : drôle, farfelue, vivante, bien plus que l’original. La réalisation fait preuve d’inventivité et de recherche, avec par exemple des arrières-plans très fournis où les filles se cachent pour admirer Chiaki, avec même un personnage running-gag qui tente de s’imposer. Elle fait beaucoup appel à de petits effets spéciaux pour donner des proportions hallucinantes à certaines situations, en particulier lors des échanges entre Chiaki et Nodame, le ténébreux jeune homme n’hésitant pas à faire subir les pires traitements à ce parasite ambulant. Visuellement, c’est surprenant mais vraiment drôle.
A l’image du scénario, la réalisation évolue au fil des épisodes, passant d’un style détonnant à une approche plus douce, intimiste, et peut-être même dramatique. Il reste des touches comiques, mais l’histoire aborde des thèmes plus graves lorsque les personnages se rendent compte qu’ils ne pourront pas maintenir éternellement le statu quo, se séparent, ou se posent de véritables questions sur leur avenir. C’est aussi dans de tels moments que la relation de notre couple vedette évolue. Cette partie de l’histoire comprend les passages que j’apprécie le moins dans l’œuvre, et j’avoue que cette réalisation moins expansive ne m’a pas permis de tellement plus y adhérer. Heureusement qu’il reste des moments sublimes, en particulier grâce à la forte charge émotionnelle dégagée à la fin de la série.
Le plus grand atout de ce drama, aussi étonnant que cela puisse paraître, est peut-être bien son casting. Je ne prétends pas que les acteurs jouent bien – n’oublions pas qu’ils sont japonais – mais je les ai tout de même trouvé convaincants, même dans les rôles les plus délirants. Certains montrent qu’ils n’ont absolument pas peur du ridicule, et mettent du cœur à l’ouvrage pour nous offrir d’excellentes prestations. Bien sûr, tout cela manque parfois de réalisme, mais devant la qualité du résultat, pourquoi s’en plaindre ?
Les acteurs incarnant Nodame et Chiaki, par contre, sortent véritablement leur épingle du jeu. La première arrive tout de même à incarner un personnage totalement improbable, gaffeur et hilarant, de manière parfaitement crédible. Mais le plus impressionnant reste le second : j’ai toujours trouvé Chiaki un peu fade, mais il arrive à donner vie à un personnage à la fois plus désagréable, plus drôle, plus touchant, et surtout beaucoup plus humain.
Le mot est lâché : « humain ». Si je devais noter une différence majeure entre l’anime et le drama, ce serait le facteur humain. La présence d’acteurs et non plus de comédiens de doublage apporte un véritable plus ; peut-être une émotion plus marquée, qui pourrait justifier de privilégier l’adaptation des romances en série live et non en anime. La performance de Tamaki Hiroshi dans le rôle de Chiaki donne du volume au personnage ; quelques menus changements, comme une relation plus forte avec Mine, permettent de le faire évoluer et de le rendre infiniment plus attachant.
A noter que si je doute que les acteurs incarnant des musiciens aient eux-mêmes interprété les morceaux, ils arrivent à donner le change à l’écran, et hormis pour l’unique phase de chant, nous n’y voyons que du feu. Il y a du travail derrière, cela se sent.
Avec tout cela, vous comprendrez que je n’ai pas perdu mon temps et que je recommande vivement cette version de l’œuvre. En fait, vous pouvez commencer par l’original ou par une de ses adaptations sans que cela ne pose problème.
Certes, j’ai préféré la première partie de ce drama à la seconde – pourtant bouleversante – en raison de sa relation Chiaki/Nodame qui tend plus au délire et au gag. Mais il s’agit d’une série magnifique dans son ensemble, grandement favorisée par une musique aussi classique que magnifique.
Aucune image.
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Fichtre, je pense savoir d’où vient le problème….
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