Les Aventures de Super Patate

1

Cela faisait quelques temps (euphémisme) que je n’avais pas écrit. Et si je reviens aujourd’hui, c’est pour un COUP DE GUEULE. Ouais, en majuscules, car je suis trop un ouf et que je suis énervé.
La raison de ma colère : les collectionneurs et le retrogaming.

Comme je l’ai déjà évoqué ici, j’aime les jeux vidéo, et ce depuis ma plus tendre enfance. J’ai eu ma première console à 6 ans, la seconde à 9 ans, la troisième à 12 ans, bon je ne vais pas vous faire l’historique complet. Toujours est-il qu’avec ce système, je suis passé à côté de nombreuses consoles attrayantes, et des jeux qui allaient avec. Arrivé à l’âge adulte, je me suis donné pour objectif de récupérer toutes ces petites merveilles ; ce pour une raison toute bête : y jouer.
Alors, vous me direz, je pourrais utiliser un émulateur. Je pourrais. Mais la sensation ne serait pas la même (je ne joue quasiment jamais sur ordinateur). Donc je cherche ; je fais les vide-greniers, les dépôts-ventes, les magasins spécialisés, les sites d’occasion, un de mes amis m’a offert sa Nintendo (NES) pour mon anniversaire et il sait à quel point je le remercie, j’ai même ramené quelques cartouches de mon dernier voyage au Japon (j’aurais dû en prendre plus), bref je me débrouille. Parfois, j’ai de bonnes surprises. Et d’autres fois, des moins bonnes.

Une des causes de ces mauvaises surprises s’appelle le collectionneur. Il y a quelques temps, je zappais (comme souvent), lorsque je tombe sur un reportage sur une des chaînes de la TNT, consacré justement à un « retrogamer ». Donc, à priori, quelqu’un qui comme moi joue aux vieux jeux. Je vais vite constater que ce n’est pas vraiment le cas. En effet, il accumule les consoles et les cartouches/DVD/CD, mais semble se contenter de les mettre derrière une vitrine, sans y toucher. Oui, cet homme est un collectionneur avant tout ; la possession lui importe plus que l’utilisation, c’est ainsi qu’il trouve son plaisir. D’un côté, je dirai qu’il fait bien ce qu’il veut. De l’autre, je ne peux que difficilement cautionner son comportement quand je le vois exhiber un Megaman sur NES. Pourquoi ce jeu en particulier ? Parce qu’il illustre parfaitement le côté obscur du retrogaming : celui où les jeux ne servent plus à divertir et deviennent des marchandises cotées, vendues à des prix parfois indécents. Non seulement le collectionneur immobilise une cartouche qui pourrait faire le bonheur d’un joueur, mais en plus, cela provoque pour certains titres une envolée des prix. Là, un Megaman sur NES peut s’adjuger plus de 100€, soit bien plus que ce que je suis prêt à débourser, alors que je puis vous assurer que j’aimerais y jouer ; il en va de même pour ses suites sur la même console, ou pour la série des Megaman X sur Super Nintendo (SNES).

Le pire du reportage est atteint lorsque notre « retrogamer » nous explique que la plupart de ces jeux sont trop vieux, injouables, et qu’il ne les collectionne que pour « sauvegarder le patrimoine vidéo-ludique ». Mais il ne t’a rien demander le patrimoine vidéo-ludique !
J’aime beaucoup les deux vidéos ci-dessous, qui résument bien certaines dérives du retrogaming :

Juste pour préciser, les deux jeux présentés dans ces vidéos sont excellents. Mais vous saisissez le concept. La valeur d’un jeu résumée à son potentiel financier et l’accumulation inutile de cartouches. Cela amène forcément à des dérives.
Si je vous ne le connaissez pas encore, je ne peux que vous conseillez la chaine de l’Antre du Mea, qui réalise des vidéos essentiellement sur les jeux à licence. Une de ses activités, ce sont aussi les Brocantes Madness, des émissions dans lesquelles nous le suivons lors de brocantes et de vide-greniers, à la recherche de la perle rare. Le dernier numéro en date le confrontait à la pire des menaces : le « dalleux » ; un individu qui profite des jeux à bas prix proposés lors de ces rassemblements, par des gens qui ignorent la valeur marchande de ces antiquités, pour ensuite les revendre de petites fortunes sur internet ou en magasin. Privant au passage les véritables joueurs, les véritables passionnés, de cartouches à prix correct ; s’ils les veulent, il faudra qu’ils mettent la main au porte-feuille, tandis que le dalleux pourra compter sur un joli bénéfice.

Pourquoi jouer à de vieux jeux ? Je ne suis pas spécialement passéiste, mais en matière de jeu vidéo, j’estime que tout ne se résume pas aux derniers graphismes à la mode. Et en parlant de mode, je crois que mon genre favori, c’est la plate-forme, de préférence en 2D. Il semble y avoir une réapparition progressive du genre, notamment chez Nintendo, mais c’est encore sur ces anciennes machines que nous en trouvons le plus ; rien que cette semaine, j’ai terminé Duck Tales et Tic & Tac : Rangers du Risque sur NES, puis Astérix & The Secret Mission sur Master System (MS), et je me suis éclaté. Je ne joue pas qu’à ça, mais une grosse partie de la réponse vient de là. Comme pour les manga et les animes, j’estime qu’un bon jeu ne meurt jamais, et que si son succès à sa sortie vient uniquement de ses graphismes ou de sa façon d’exploiter une mode, alors ce n’est pas un bon jeu.

Je pourrais vous parler du prix, mais ce ne serait pas totalement honnête de ma part. Autant il est possible de trouver de nombreux titres à des tarifs très avantageux – une poignée d’euros – autant pour certains jeux précis, il faut être près à débourser de petites fortunes en raison de leur rareté. Même pas besoin d’aller loin dans le passé ; parmi les quelques titres que je cherche encore sur Nintendo 64 (N64) et Game Cube (NGC), il y a Skies of Arcadia, Ikaruga, et Conker’s Bad Fur Day, or je n’ai clairement pas les moyens. Par contre, si je les trouvais dans un vide-grenier, comme ils datent d’anciennes générations de console, ils seraient sans doute abordables.
Mais en fouillant bien, il reste possible de se constituer d’excellentes ludothèques pour une somme modique. Comme mentionné plus haut, le prix n’est pas forcément lié à la qualité du jeu vidéo ; de plus, si vous souhaitez jouer et non collectionner, vous pouvez tout-à-fait acquérir des cartouches en loose, c’est-à-dire sans boite et/ou sans notice. Elles seront bien moins chères ainsi. Cela vaut surtout pour les consoles Nintendo, dont les boites en carton résistent mal au temps qui passe.

Je vais maintenant proposer quelques astuces pour ceux qui voudraient commencer le retrogaming sur console.

¤ Trouver une console : Vous avez peut-être dans votre entourage des amis ou de la famille qui ont eu une vieille console (et les jeux et accessoires qui vont avec), mais l’ont rangé dans un coin faute de s’en servir ou d’avoir la motivation pour la vendre. Alors autant que cela serve à quelqu’un. Ce seront vos premiers fournisseurs. Cela limitera forcément votre choix, mais l’investissement financier est nul ou, au pire, faible.
C’est de cette façon que j’ai récupéré ma NES, ma MS, et environ une douzaine de jeux.

¤ La rétro-compatibilité : Cela n’a l’air de rien, mais certaines consoles vous permettent de jouer à des jeux de différentes générations. Ainsi, la Game Boy Color (GBC) supporte les cartouches Game Boy (GB), la Game Boy Advance (GBA) les cartouches GB et GBC, et la Nintendo DS (NDS) les cartouches GBA. De la même façon, la Playstation 2 (PS2) lira les CD de Playstation (PSX) – il vous faudra néanmoins vous procurer une carte mémoire de PSX pour sauvegarder vos parties – et la Wii les DVD de NGC.
Il existe aussi divers accessoires pour rendre vos jeux compatibles : vous pourrez ainsi jouer à la GB sur SNES, à la GBA ainsi qu’aux générations précédentes sur la NGC, ou encore à la MS sur Megadrive (MG).
Dans un registre différent, il existe de nombreuses compils de vieux jeux disponibles sur les consoles modernes.

¤ Le choix de la console : Si vous n’avez personne pour vous donner sa vieille console, et que vous ne tombez pas sur une occasion en or au détour d’une boutique ou d’un vide-grenier, il vous faudra faire un choix. Là, tout dépend de votre sensibilité, de vos genres de prédilection, Sega ou Nintendo, et des prix pratiqués (que je ne connais pas par cœur). Si vous aimez la plate-forme comme moi, vous adorerez la MS, la MG, la NES, et la SNES. Pour les RPG, la SNES et la PSX sont faites pour vous ; et tant qu’à choisir une PSX, autant prendre une PS2.
A noter qu’il existe aussi de « fausses » consoles, pas toujours officielles mais qui ont le mérite d’exister : Atari 2600 ou MG avec des jeux pré-programmées (il n’est pas possible d’insérer des cartouches), Retroduo (compatible NES et SNES), etc…

¤ Où acheter ? : A moins d’aller dans un magasin spécialisé dans le retrogaming (cela existe), les prix seront généralement plus intéressants en boutique que sur internet ; sur Priceminister et Amazon, les vendeurs ont tendance à s’aligner sur les prix déjà pratiqués, et sur Ebay, les enchères peuvent vite grimper. Vous ferez donc vos meilleures affaires dans les trocs, les dépôts-ventes, les brocantes, les vide-greniers, et parfois même les magasins de jeux-vidéo, à qui il arrive de vendre des jeux anciens. Évidemment, c’est aussi une question de chance. Sur internet, vous pouvez cibler vos jeux, parfois acheter des lots. Après, comme je l’ai déjà indiqué, tout dépend de la rareté : un excellent jeu pourra se négocier à des prix très bas s’il est suffisamment répandu ; il arrive même de payer plus pour les frais de port que pour le jeu lui-même.

¤ Les garanties : Avec les vieilles consoles et les vieux jeux, il faut quand même se méfier. Surtout pour les vieilles consoles. Cela reste de l’occasion. Donc à moins de tomber sur une affaire immanquable dans un vide-grenier, je recommande d’acheter celles-ci plutôt via d’importantes plate-formes qui protègent les acheteurs – Ebay, Priceminister, Amazon… – ou dans des boutiques qui garantissent les marchandises ou moins le temps de les vérifier. Les pannes classiques sont la NES qui clignote (connectique oxydée ou détendue), la MS qui n’affiche plus correctement les couleurs (défaut au niveau du câble peritel), la PSX grillée (lentille endommagée), ou encore la GB a l’écran morcelé (certaines lignes de l’écran n’apparaissent plus). Dans certains cas, cela se répare, à condition de trouver un magasin spécialisé, ou d’avoir quelques compétences en électronique et de trouver les pièces. Dans tous les cas, c’est chiant.
La connectique des cartouches a tendance à s’oxyder ; surtout à force de souffler dessus pour enlever la poussière. Donc si un jeu ne marche pas, n’hésitez pas à les nettoyer au moyen d’un coton-tige et d’un peu d’alcool à 90°. Pour les jeux sur CD/DVD, la rayure est votre ennemie ; vérifiez toujours avant achat.

¤ L’import : Je ne vais pas rentrer dans les détails sur le PAL et le NTSC, le 50 Hz et le 60 Hz, mais la majorité des consoles sont zonées, donc compatibles uniquement avec les jeux vendus dans leur zone. Mais pas toutes : la GB, la GBC, la GBA, la NDS, la PSP, et la MS sont dézonnées de base. Pour une NES, une SNES, un MG, une PSX, une PS2, une Saturn,… il vous faudra soit un accessoire, soit la faire dézonner au moyen d’une puce ou d’une petite manipulation sur la carte-mère.
Si j’en parle, c’est que tous les jeux ne sont pas sortis en Europe, et que certains titres coutent moins cher dans un pays que dans un autre. Parfois, il peut être intéressant de se tourner vers l’import. Sachant que si vous prenez un jeu en Angleterre, en Allemagne, ou en Italie, pas besoin de dézonnage.
Dans l’éventualité ou vous vous rendriez à Tokyo, plusieurs magasins d’Akihabara sont de véritables mines d’or, en particulier Super Potato. D’où le titre de l’article (vous vous attendiez à quoi ?). Ce n’est pas toujours donné, mais vous trouverez un choix énorme et finalement, cela revient parfois moins cher qu’en France. Et pour un jeu de combat, pas besoin de savoir parler Japonais.

¤ Bien choisir ses jeux : Mon dernier conseil, sans doute le plus évident mais il mérite d’être rappelé. Si vous tombez sur une cartouche à petit prix vous pouvez toujours vous laisser tenter, mais pour le reste, mieux vaut cibler les titres qui vous intéressent. Internet regorge de sites ou de vidéo cataloguant les meilleurs jeux de chaque console et de chaque genre, vous pouvez aussi vous concentrer sur des licences que vous appréciez, bref il est aisé d’identifier à l’avance les cartouches à acheter ; ensuite, soit vous les trouver à prix raisonnable, soit vous attendez que la chance vous donne un coup de pouce.
Pour ma part, je dois avoir une vingtaine de jeux que je recherche actuellement, et dans la plupart des cas, ils sont trop chers pour moi ; néanmoins, je ne suis jamais à l’abri d’une envie subite ou d’un coup de cœur impromptu. En comptant les frais de port, je refuse de mettre plus d’une quinzaine d’euros par cartouche pour les titres sur ma liste d’achat, et pas plus de cinq euros pour une curiosité croisée au détour d’un magasin.

Voilà qui conclue cet article sur le retrogaming et ses aléas. J’espère qu’il aura donné envie à certains d’entre vous de se lancer dans l’aventure !

Super Potato à Akihabara

Cet article, publié dans Culture G, est tagué , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

2 commentaires pour Les Aventures de Super Patate

  1. Faust dit :

    Mentionner la PS2 dans un article sur le retrogaming, j’ai failli avoir une attaque cardiaque…

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.