J’aime la Gym !

Alors là, attention. Nous allons parler d’une de mes séries cultes. Une série découverte sur le tard, alors que j’étais en première année de fac et que je m’étais astreint à un régime sans anime, hormis ceux diffusés à midi sur France 5. Malgré son thème hermétique – la GRS – j’ai été séduit par cette série palpitante et touchante à la fois.
Grâce à Tonkam, j’ai pu me plonger dans la version manga de Cynthia et le Rythme de la Vie, et le moins que je puisse dire, c’est que j’ai passé un excellent moment.

Hikari Kamijo rêve de devenir championne de GRS (gymnastique rythmique et sportive) depuis qu’elle a assisté à une prestation de Illyanna Gordiva, la grande championne de la discipline. Dans le même lycée que Hazuki Shiina, l’étoile de la GRS japonaise, Hikari va tout faire pour s’imposer et marcher dans les pas de Illyanna. Mais de nombreuses rivales l’attendent sur le chemin qui doit la mener à la gloire.

Le shôjo sportif est un genre bien particulier, puisqu’il allie les codes propres aux shôjo, au côté palpitant des compétitions sportives. Évidemment, le traitement de cet aspect sportif ne sera pas le même que dans un shônen. Ici, l’important sera moins la victoire finale que l’épanouissement des personnages, même si nous retrouvons la même notion de dépassement de soi.
Le traitement shôjo va toutefois imposer à l’héroïne un adversaire supplémentaire : le destin. C’est d’autant plus valable pour un titre des années 80 comme Hikari no Densetsu. Concrètement, cela signifie que s’il peut arriver une crasse à l’héroïne, elle va se la prendre dans la figure. Exemple : une fille jalouse (les filles sont souvent jalouses et mesquines dans les shôjo sportifs) balance du jus de fruit sur le justaucorps de Hikari juste avant son entrée, et le jury – qui a assisté à toute la scène – la pénalise car sa tenue est sale. Parfois, cela peut paraitre exagéré. Le point positif, c’est que cela oblige l’héroïne à se dépasser encore plus, à viser toujours plus haut, afin de surmonter tous les obstacles dressés sur son chemin. Et ces moments-là peuvent être magnifiques.

Le choix de la GRS, comme sujet principal de ce manga, n’est pas le fruit du hasard. Outre le fait qu’il s’agisse d’un sport fondamentalement féminin, donc pertinent dans un environnement shôjo, la mangaka est elle-même une ancienne gymnaste. Nous pouvons donc penser qu’elle connait parfaitement les spécificités de cette discipline, et saura les rendre sur le papier (en tout cas mieux que Yoichi Takahashi ne parle football dans Captain Tsubasa). Par contre, il s’agit d’un sport relativement hermétique pour le public masculin dont je fais parti.
Ce qui est intéressant avec la GRS, c’est que cette discipline m’apparait à la fois comme sportive et artistique, puisque située à mi-chemin entre la gymnastique et la danse. Nous ressentons cette dimension sportive dans les efforts consentis par l’héroïne et dans sa souffrance – vous me direz, les danseuses aussi en bavent – tandis que la dimension artistique s’exprime elle par le dessin.
Les shôjo peuvent se permettre une mise en page beaucoup plus éclatée que les shônen, beaucoup plus imprévisible, et la mangaka s’amuse à jouer avec l’espace pour donner corps à ses chorégraphies. Elle multiplie les idées originales afin d’affubler chaque prestation d’une identité qui lui est propre. Alors que la GRS est une discipline qui ne s’exprime qu’à travers le mouvement (mouvement dont la qualité sera ensuite évaluée par des juges), l’auteur arrive à surpasser les contraintes du format papier pour nous offrir des chorégraphies vivantes et dynamiques. Son dessin, encore influencé par les codes graphiques des années 70, et sa mise en page innovante, sont pour beaucoup dans l’attachement que j’ai pu éprouver pour ce manga.

Izumi Asô fait siennes les caractéristiques du shôjo sportif, et ses qualités. Hikari est une héroïne attachante ; elle ne s’apitoie jamais sur son sort (qui n’est jamais si horrible que cela de toute façon), va de l’avant, arrive toujours à se lier d’amitié avec ses adversaires, et ne se montre que rarement dépendante des personnages masculins qui l’entourent. Cette bonne humeur communicative se ressent dans ses prestations, et elle nous donne envie de l’encourager, que ce soit lors des compétitions ou dans sa vie de tous les jours.
A la différence de nombre d’autres séries sportives, le résultat des tournois n’est pas forcément évident avant la dernière seconde, ce qui ajoute du suspens à un genre déjà connu pour titiller le palpitant. Et à la différence de nombre d’autres shôjo, ses relations amoureuses ne sont elles non plus pas évidentes, et nous ignorons pendant longtemps si Hikari finira avec le premier beau gosse de service de la série.
Ses ingrédients semblent simples – des shôjo sportifs à succès comme Attack n°1 ou Ace wo Nerae ont depuis longtemps posé les bases du genre – mais la mangaka arrive à en tirer le meilleur. Bien sûr, son dessin pourra paraitre daté, mais sa mise en page est à ce point inventive que, même aujourd’hui, il serait difficile de trouver mieux ; d’autant que ce n’est parce qu’elle est atypique qu’elle manque de lisibilité, il suffit de suivre les mouvements des personnages et cela vient naturellement.
Hikari no Densetsu s’impose comme un titre passionnant qui sait aussi donner la part belle aux sentiments. L’auteur nous offre un travail exemplaire, qui je l’espère, permettra à un nouveau public de découvrir des shôjo un peu plus anciens et leurs particularités. Pour ma part, j’étais déjà conquis par l’anime, et j’ai trouvé le manga encore plus réussi.

Pour ceux qui ne connaissent que l’anime, les deux versions présentent quelques différences. Hikari no Densetsu, comme souvent, a été adapté pour la télévision en parallèle de la publication du manga, mais l’anime va avoir des répercussions inattendues ; celui-ci introduit en particulier le personnage de Mao Natsukawa, qui sera ensuite récupéré par la mangaka et prendra une importance capitale dans son histoire. Dans la série TV, Mao apportait non seulement un élément perturbateur dans la relation entre Hikari et Oishi, mais surtout une présence musicale beaucoup plus forte, la progression de son groupe de rock devenant un enjeu aussi important que la victoire de Hikari ; inutile de préciser que cela aura un impact plus que positif sur la bande-son. La mangaka, quant à elle, reprendra le personnage avant tout pour accompagner les chorégraphies de Hikari, mais ne s’appesantira absolument pas sur son groupe. Toujours est-il qu’il s’agit d’un exemple pas si fréquent de l’influence que peu exercer une adaptation sur sa version d’origine.

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15 commentaires pour J’aime la Gym !

  1. V dit :

    Une chanson, une chanson !

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  2. V dit :

    Merci. o/ Vous êtes trop bon.

    J’enchaîne avec celle interprétée par tes soins dans un certain top 10. 😉

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  3. Tama dit :

    Bien que j’ai un souvenir très lointain de la version animée, je me suis passionné pour celle papier. Je n’ai pas trouvé le dessin si daté que ça (mais bon c’est sans doute que j’ai l’habitude) par contre j’ai été éblouie par le découpage des mouvements pages après pages. Après il n’y a jamais de grande « méchante », juste de saines rivalités qui poussent à se dépasser, ce qui rend la beauté du sport.
    Le seul hic, c’est que si on sent la passion de la GRS, j’ai eu aussi l’impression que tout était simple et que les filles inventaient leur choré une fois sur le tapis. Ce qui en général n’est pas du tout le cas…et quand plus il fallait que l’héroïne soit exceptionnelle.
    Après le seul autre truc, c’est Mao qui lors de sa 1ere apparition m’a paru petit et moche mais heureusement ça s’améliore par la suite…par contre pour les fringues on peut pas faire grand chose…

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  4. Rukawa dit :

    La morale de la série est merdique. (enfin pour l’anime je sais pas ce qui se passe dans le manga).
    Elle se blesse à la cheville, et puis elle galère pour sa prestation. Du coup, elle perd la compète et la fin de l’anime se conclue par « l’important c’est de participer ».
    NON MAIS CREVE SALOPE §§§ T4AS PAS HONTE ???
    Et surtout qu’après t’as son prince charmant qui va jouer les kleenex et la réconforter. Suis sûr qu’il a fait çà que pour la baiser après et la jeter après que la série soit finie ! Salaud, tu profites des jeunes filles sans défense.

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  5. a-yin dit :

    Pas vu (sauf quelques épisodes) l’anime, ni lu le manga, mais ça m’a donné envie. Je voulais dire que Rukawa a tout à fait raison, quel salaud ^^ je suis sûre que ça se termine ainsi dans les coulisses!!!!

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  6. inico dit :

    Moi aussi j’aimais bien ta version chantée de J’aime la Gym dans ton TOP 10 des années 80. J’avais d’ailleurs été surpris du déluge de moqueries en commentaires (ah, avoir des bons copains, qu’est ce que c’est bien ^^).
    Au passage, à écouter tes récents podcasts, tu à fais des progrès quand à ton élocution. Logique…
    Dans ton précédent billet, tu abordais le sujet de la visibilité : en voilà un exemple, j’ai complètement raté la sortie de ce titre.
    Pourtant, à lire à ton article et en balayant quelques planches, je crois que c’est le genre de chose qui pourrait me plaire. Alors que je ne connais pas la série TV.
    Je me retrouve alors dans la même configuration de départ que Wingman : espérons que le résultat soit aussi agréable.

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  7. a-yin dit :

    Les planches, lors des moments sportifs donnent vraiment envie. Ce découpage éclaté comme tu le dis si bien Gemini :). Et il est vrai, je n’ai pas encore lu de shôjo sportifs dans ma vie. Bientôt avec Chihayafuru (techniquement un josei mais bon… la frontière est parfois aussi ténue qu’un string entre shôjo et josei)

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    • Gemini dit :

      Je n’ai malheureusement pas trouvé d’image sur le net pour donner des exemples de mise en page (et je n’ai pas de scanner). Mais j’espère que le résultat te plaira.

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      • a-yin dit :

        J’ai cherché sur le net des images justement, car ça m’intriguait :). A l’époque l’anime me faisait plus fuir qu’autre chose ^^; j’ai longtemps été un réel macho et dés qu’il y avait du rose ou des cils, je zappais…

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