Ai no Senshi ! Cutie Honey !

Grâce à Deuz, j’ai enfin eu l’occasion de lire le manga Cutey Honey de 1972. Et j’ai envie d’en parler !

Pour moi, Go Nagai est un auteur qui a toujours revêtu une importance tout particulière : mon plus vieux souvenir d’anime est associé à Goldorak, je lui dois sans doute une partie de ma PASSION pour les méchas, et le rencontrer fût une de mes expériences otak les plus marquantes. Le paradoxe, c’est que malgré mon amour des robots géants, mon personnage favori né de l’esprit (dérangé) du disciple de Shotaro Ishinomori – lui-même disciple de Osamu Tezuka, sacrée filiation – reste Cutie Honey, que j’ai découvert via l’anime de 1972 et sa version RE.

Un autre paradoxe, c’est que je n’avais encore jamais lu le manga d’origine, écrit en parallèle de la production du premier anime. D’ailleurs, je n’ai jamais lu de manga de Go Nagai, mangaka surtout connu pour ses animes.
Bon, sa disponibilité en France joue quand même un peu. Après la mort de son éditeur français Dynamic, le flambeau devait être repris directement par le groupe nippon D-Visual, avec lancement prévu lors de la venue du Maître à la Japan Expo. Bon, le projet était un peu un échec à la base, puisque sur les trois titres retenus par l’éditeur pour tester le succès de Go Nagai en France, deux n’étaient que des spin-offs qu’il n’a pas écrit lui-même. Mais en plus, aucun distributeur n’a pu être trouvé à temps, les manga auraient été retenus à la douane pendant la JE, et depuis plus aucune nouvelle. J’ai perdu espoir de lire ses œuvres dans la langue de Molière.

Je me suis finalement rabattu sur une solution de secours, fournie par Deuz. Et j’ai pu m’atteler à la lecture des deux tomes de Cutey Honey. L’histoire d’une fille robot aux pouvoirs extraordinaires, qui s’est donné pour mission de venger la mort de son père, tué par Panther Claw.
Alors ce qui est marrant, c’est que je sais que Go Nagai a commencé sa carrière en provoquant un mini-scandale avec son titre L’Ecole Impudique, je sais aussi que les animes sont généralement édulcorés par rapport à leurs versions manga et que Honey est pourtant une héroïne très libertine dans sa série TV. Malgré tout, j’ai été un peu surpris par la violence et le côté pervers de ce titre. Non pas que cela me dérange.
La violence possède pourtant un côté choc, puisque l’auteur montre des personnages se faire massacrer à la pelle, notamment parmi les innocents ce qui surprend toujours. Si j’ai bien saisi sa mentalité, il souhaite ainsi montrer à ses lecteurs les horreurs de la guerre, et que dans la réalité, être un gentil n’épargne pas de devenir une victime.
Quant au côté pervers, il n’est pas là juste pour le plaisir de montrer des femmes à poil, j’y vois plus une volonté de faire de l’humour. Car cela va tellement loin qu’il n’est plus possible de le prendre au sérieux. Une des armes de Go Nagai est sans doute son humour – du moins dans ces manga, même si Shin Mazinger Z pioche dans le même registre – et sa capacité à créer des situations aberrantes et qui pourtant paraissent crédibles ; cela tient beaucoup aux personnages, qui peuvent atteindre des sommets de délire : la pension de Honey dispose d’un bestiaire des plus surprenants, entre les perverses, les sadiques, et les monstres poilus.
Et dire que certains titres récents nous paraissent trop « ecchi » ou sanglant… je me gausse.

Mais même s’il s’agit de ce que nous remarquons en premier, ce manga ne se limite pas à cela.
Bon, j’avoue, nous remarquons aussi le graphisme ; et là, il y a du bon comme du mauvais. Déjà, Go Nagai a toujours un peu de mal à dessiner les têtes des personnages ; même si Honey peut apparaître extrêmement belle, l’auteur a plus de maîtrise quand il s’agit de créer des protagonistes comiques et difformes, à l’image du vieux Dambei. Idem au niveau des proportions des corps, il a un peu de mal. Mais j’ai tout de même bien ressenti son apprentissage auprès de Ishinomori : son découpage est vif, inventif, proche du cinéma et en cela il arrive à faire mouche. Les décors sont détaillés, l’auteur sait quand il doit affirmer certains traits pour donner de l’intensité, de la gravité, à ses images. Les premières pages du manga – la naissance de Honey – résument à elles seules toutes les qualités (et les défauts) du style graphique de Go Nagai.
Pour le reste, j’ai adoré lire ce manga. Même s’il y a de l’humour et que les scènes d’action sont entrecoupées de passages plus libertins, Cutey Honey est un drame poignant dans lequel nous allons suivre les tourments de Honey, une héroïne au fort caractère. En deux volumes, je n’ai absolument pas eu le temps de m’ennuyer, enchainant moments de détente et moments palpitants, terriblement prenants grâce au découpage incroyablement efficace de l’auteur, et parfois terriblement forts. L’art et la manière de raconter une histoire selon Go Nagai, c’est quelque chose qui ne ressent qu’en manga, j’ai été bête de l’oublier. Alors bien entendu, l’anime apporte un véritable plus par rapport à cette version, mais les deux sont complémentaires car finalement très différentes. J’aime les deux.

Je ne vois pas ce que je pourrais rajouter de plus sur ce manga sans me répéter, alors je n’ai qu’un conseil : essayez-le.

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2 commentaires pour Ai no Senshi ! Cutie Honey !

  1. Deuz dit :

    Je suis ravi de voir que tu as aimé. C’est vrai que dans ce manga, le côté ecchi est presque toujours humoristique. Ce qui permet de montrer des trucs vraiment osés sans pour autant tomber dans le pur vice. Je préfère carrément voir Honey totalement nue, car les conséquences de cette nudité sont là pour nous faire rire (ou au moins sourire); que de voir sans raison des plans « culotte » hors de propos dans des mangas de baston ou autres, où le seul intéret de la chose est souvent d’attirer le jeune mâle en rut dont les géniteurs seraient assez malin pour avoir installé le « contrôle parental » sur sa connexion Internet. Et puis, que ce soit dans la violence ou dans l’érotisme, les mangas de Go Nagai préservent toujours cette sorte de naïveté paradoxalement mélangée à un aspect cru et cruel. La mort et l’amour s’y mélangent comme dans un film gore de la belle époque italienne ou dans le public du célèbre et funeste concert des Rolling Stones à Woodstock. Go Nagai will never die ! (c’est mon slogan promotionnel ^^)

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  2. Ialda dit :

    Clairement pas le meilleur manga du maitre (trop court, sans vraie fin – même si on peut dire la même chose de la série TV), mais pourvu des qualités qu’on apprécie chez l’artiste : gaulois, violent, déjanté et completement décomplexé – avec en plus cette petite touche de reviens-y vas-y que je te taquine les PTA nippones après le scandale Harenchi Gakuen. J’aime cet homme.

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